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Paint Wars

Les manifestants utilisent souvent une couleur comme signe de ralliement, on se souvient de la révolution orange en Ukraine en 2004 et des vagues humaines colorées défilant à Kiev. Mais l'utilisation d'une couleur fédératrice ne se limite pas aux manifestations pacifiques, elle peut aussi être au service de la répression policière.

En 1989, à Capetown en Afrique du Sud, une manifestation contre l'apartheid est enrayée pour la 1ère fois par l'utilisation d'un canon à peinture qui asperge les participants, ce qui permet aux forces de l'ordre de les identifier ensuite pendant la dispersion.

En Afrique, en Inde, en Israël, en Hongrie, l'idée se répand rapidement comme un moyen fiable de cibler les dissidents.

Quelques exemples en photos :

Mais les manifestants ne sont pas en reste, eux aussi utilisent désormais la peinture, celle-ci étant un bon moyen d'humilier les forces de l'ordre… en voici un petit florilège en photos.

Source : Time

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Grenoble – Shoot & Proof

La lutte contre le graffiti semble être une des préoccupations de nombreuses communes en France, dont Grenoble, qui innove avec son application pour smart phone développée pour analyser les graffitis et reconnaitre leurs auteurs afin de préparer une noté salée à régler en cas d'interpellation.

La mairie de Grenoble a investi dans un nouveau logiciel informatique pour lutter contre les graffitis qui fleurissent sur les murs. Ce logiciel, Shoot and Proof -littéralement prendre en photo et prouver- permet de reconnaître la signature du tagueur. Il devrait permettre de constituer un dossier à charge contre les récidivistes.

Les sept agents de la brigade anti-tags de Grenoble sont équipés de Shoot & Proof sur leurs téléphones portables. Lorsqu'ils sillonnent la ville, ils peuvent donc, quand ils découvrent un tag, le photographier et l'analyser avant de le nettoyer. Grâce à cette base de données, le service de propreté urbaine espère constituer des dossiers et prouver la récidive lorsqu'un tagueur est arrêté en flagrant délit de dégradation.  Il serait alors plus simple de punir et surtout de faire payer l'addition au coupable. Car le nettoyage coûte très cher à la municipalité, 400000 euros par an pour rendre les murs de la ville propre.

Quelques tagueurs grenoblois, interviewés par France Bleu Isère, sourient à l'évocation de ce nouveau logiciel. Comme le dit Noah, tagueur depuis 18 ans :

« On change d'horaires, de vêtements, on regarde où ils nettoient ou pas. On essaie de faire autrement (…) d'être plus malins qu'eux, c'est pas très compliqué ».

Source : France Bleu

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Montréal: arrêtée pour une photo de street art sur Instagram

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Au Québec, cette nouvelle risque d'inquiéter ceux qui pensent encore que le recoupement et l'utilisation de données personnelles publiées sur Internet ne remet pas en cause la liberté d'expression… Voici en effet un beau contre-exemple : une jeune femme a eu la surprise de voir débarquer la police à son domicile pour une photo de street art postée sur Instagram. L'œuvre représente le porte-parole de la police de Montréal, Ian Lafrenière, avec une balle dans la tête et la mention ACAB (All Cops Are Bastards).

Jennifer Pawluck a pris la photo en question dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, à la fin du mois de Mars.

« Plusieurs de mes amis n'aiment pas la police. J'ai pensé que ce serait drôle de mettre la photo sur Instagram. Je ne sais même pas qui c'est, Ian Lafrenière. »

À sa grande surprise, des policiers se sont présentés à son domicile mercredi matin munis d'un mandat l'accusant de harcèlement criminel envers le porte-parole bien connu du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Elle a été amenée au poste de police, où elle est restée en détention près de quatre heures, selon ses dires. Le SPVM n'avait pas retourné les appels du Huffington Post Québec au moment de publier.

Le mandat d'arrestation, que le Huffington Post Québec a pu consulter, stipule que Jennifer Pawluck :

« a agi à l'égard de Ian Lafrenière dans l'intention de le harceler ou sans se soucier qu'il se sente harcelé [...] ayant pour effet de lui faire raisonnablement craindre pour sa sécurité. »

En attendant son procès, la jeune femme devra éviter de se trouver à moins d'un kilomètre du quartier général du SPVM, de même que du lieu de résidence de Ian Lafrenière.

Jennifer Pawluck est une habituée des manifestations contre la hausse des droits de scolarité. Elle a été interpellée trois fois lors d'arrestations de masse depuis l'an dernier. Toutefois, elle n'avait jamais été arrêtée en vertu du code criminel auparavant.

« Je ne suis pas une personne violente. Je ne voulais faire de mal à personne. »

Jennifer Pawluck affirme que son arrestation s'est déroulée dans le calme mercredi matin. Les policiers se sont présentés à son domicile vers 10h30 et étaient sympathiques, note-t-elle.

« Ils m'ont lu mes droits et je n'ai pas été menottée. »

La jeune femme entend contester l'accusation et plaider non coupable. Elle comparaîtra le 17 Avril 2013.

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Source : Huffington Post

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Paris: bienvenue au Vandal Squad

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La brigade anti-tags, anciennement basée à la Gare du Nord de Paris, communique largement dans les médias français depuis l'arrestation des NBK. Émilienne Falto vient de s'entretenir avec eux.

Outre quelques affirmations plutôt curieuses – notamment que le milieu du graffiti vandale serait très dangereux et que les agents de la brigade craignent les représailles de certains – on y apprend aussi que le Vandal Squad travaille sur une nouvelle base de donnée globale censée faire le lien entre les tags et leurs auteurs. Lorsqu'on sait qu'en 2008, la CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés) avait recensé un taux généralisé de 83% d'erreurs dans les fichiers policiers, il n'y a plus qu'à croiser les doigts pour que le travail de fichage systématique commencé par la brigade soit moins truffé d'erreurs que le fichier de police STIC par exemple. Voici l'article publié par le Blog Le Monde.

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Ils sont capables de dire si un tag a été réalisé de la main gauche ou de la main droite. Simplement en l'observant. Au fil des heures passées à compulser des livres et à consulter des forums, ils sont devenus experts en graffiti. Leur bureau ressemble à l'atelier du parfait petit tagueur. Les bombes de peintures s'étalent sur les étagères, des graffiti sont exposés au mur. Mais attention. Ici, on ne tague pas. On poursuit les graffeurs. Bienvenue à la brigade anti-tag.

Ce groupe travaille à la répression du graffiti dans le métro et sur les voies ferrées, dans toute l'Île-de-France. On y dénombre environ 300 graffeurs. Les préjudices pour la SNCF et la RATP atteignent 3 millions d'euros chaque année. Quant aux tagueurs, ils risquent jusqu'à sept ans de prison, et 100 000 euros d'amende.

Ils sont cinq. Cinq fonctionnaires de police passionnés de graffiti – graffiti vandale précisent-ils en permanence, redoutant d'être pris pour des chasseurs d'artistes. Cinq fonctionnaires qui ne comptent pas les heures passées à cette tâche. Y compris en dehors du temps de travail.

Quasiment de la graphologie

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« Il y a beaucoup d'investissement personnel »

admet le chef de groupe. Ses lunettes rectangulaires, très strictes, tranchent sur son gilet à capuche avachi. Comme ses hommes, il tient à rester anonyme.

« Peur des représailles, je n'ai pas envie de me faire taguer la porte de mon appartement tous les jours »

s'emporte son collègue, barbe noire et pull vermillon.

« Et puis, c'est un milieu dangereux, on doit penser à notre famille. »

Une seule personne accepte de donner son nom : Emmanuelle Oster, commissaire de police à la brigade des réseaux ferrés, dont dépend la brigade. Son nom a déjà été tagué sur des rames de métro. Qu'importe, elle ne mâche pas ses mots quand il s'agit des graffeurs considérés comme vandales.

« Les tags abîment les systèmes de fermeture des portes et les vitres du métro. Et ils génèrent un sentiment d'insécurité. Vous vous sentez en sécurité dans un métro tagué, vous ? »

Pour lutter contre ces graffeurs, le groupe anti-tag travaille main dans la main avec la SNCF et la RATP. Quand de nouveaux graffiti sont relevés dans le métro, la RATP remet aux policiers un devis accompagné de photos des tags. En particulier des blazes, les pseudonymes, sortes de signatures que les graffeurs laissent derrière eux. La brigade travaille à partir de leur analyse.

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C'est quasiment de la graphologie explique le chef de groupe. Les membres de la brigade travaillent à rattacher à chaque tagueur le blaze qui lui correspond. Le ou les blazes, car certains en ont plusieurs. Pour cela, il leur est arrivé une ou deux fois de faire appel à un graphologue. Mais la plupart du temps, ils se débrouillent seuls.

« Et on obtient des résultats. Actuellement, nous élaborons un fichier en cours de déclaration auprès de la CNIL, rattachant chaque signature à une personne. »

souligne Emmanuelle Oster.

Leur but ? Parvenir à imputer au tagueur la totalité de ses tags, c'est à dire, de ses dégradations. Une méthode qui porte ses fruits : en Octobre 2012, le préjudice imputé à une bande de graffeurs atteignait 700 000 euros.

« Mais c'est aussi beaucoup de boulot de flic »

précisent-ils. L'analyse des graffiti n'est qu'un point de départ à des investigations policières classiques.

« On n'est que des flics, pas des experts en art »

résume Emmanuelle Oster.

Comme des trophées

« Les gars de la brigade ? Ils aiment le graff autant que nous ! »

Rober ne révèle que son blaze, 18 ans, a longtemps fait partie des tagueurs du métro. Jusqu'à sa convocation par la police, il y a deux ans. Il s'en est tiré sans histoire, mais il a immédiatement arrêté. Le groupe anti-tag, il s'en souvient.

« Dans le genre cow-boy, ils sont numéro un. Dans leur bureau, il y a les photos des grands graffeurs attrapés, comme des trophées. »

Ces photographies s'étalent sur l'un des murs de la brigade. Contrastant avec le reste de la pièce. Comme pour rappeler qu'on est bien à la Police. Ambiance tableau de chasse. De face, de profil, de trois-quarts, les visages se suivent. Barrés de rouge. Sous chaque cliché, un mot. Smape. Morka. Tisko. Cli. Les blazes des graffeurs qui sont passés entre ces murs.

La pièce est duale. Entre passion et répression.

« Ils nous pourchassent tout le temps. Malgré tout, quand ils t'arrêtent, ils ont du respect pour toi. Ils connaissent ton travail. On est un tout petit milieu. Qu'ils le veuillent ou non, ils en font partie. »

explique Rober.

Respect ? Les membres de la brigade ne vont pas jusque là. Mais ils reconnaissent que lors des auditions, on échange, on discute du milieu.

« Après tout, nous sommes leurs seuls interlocuteurs »

observe le chef du groupe.

« Se faire arrêter par la brigade, c'est comme une médaille. Tu es allé à GDN, Gare du Nord, et tu en es ressorti. »

explique Rober.

Les locaux de la brigade étaient situés Gare du Nord jusqu'en 2011. Depuis, ils ont déménagé, mais le surnom est resté.

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Vidéo-surveillance: la chasse aux caméras est ouverte

Dans cette vidéo, des hommes masqués arpentent les rues de Berlin la nuit. Pas de braquage ni de graffiti en vue… Leur but ? Trouver les caméras de vidéo-surveillance qui prolifèrent dorénavant dans les espaces publics de la ville, et les mettre hors-service. Bienvenue dans Camover, le nouveau jeu qui se déroule à Berlin en réaction au Congrès de la police européenne (Europol) organisé dans la capitale allemande en Février 2013.

Fatigués d'être surveillés à tout instant, les Berlinois se rebellent contre la vidéo-surveillance et s'organisent en petits groupes pour neutraliser les caméras de la ville. Equipés de grappins, cordes, perches, marteaux, extincteurs et bombes de peinture, ils partent en guerre et détruisent le matériel de surveillance.

Ici, dans le métro :

Puis dans la rue, ici à coup d'extincteur :

La vidéo-surveillance n'empêche malheureusement pas les vrais crimes, mais permet de lutter contre les « incivilités » dont font d'ailleurs notamment parti le tag et le graffiti – et ce, au prix d'une surveillance de tous les instants. D'un côté, il y a ceux qui pensent que ce n'est pas un problème car ils n'ont rien à se reprocher. De l'autre, ceux qui trouvent que la sécurité poussée à l'extrême au prix d'une mise sous surveillance généralisée de la population est exagérée.

En Europe, la télésurveillance avait d'abord envahi le Royaume-Uni, devenu spécialiste de la CCTV à toutes les sauces. C'est maintenant en Allemagne et en France que le spectre de Big Brother étend désormais son filet.

Tandis que la résistance s'organise à Berlin, Paris en est encore au stade d'installation des caméras : le lobby de la vidéo-protection a bien fait son travail, et n'a pas manqué de convaincre la mairie de Paris de compléter son équipement.

Ainsi depuis la fin 2012, 1000 caméras de vidéosurveillance supplémentaires ont été mises en place ou sont en cours d'installation dans les rues de Paris. Les images des caméras sont enregistrées et stockées pendant trente jours, et 2500 policiers seront formés à leur utilisation pendant l'année 2013. A noter que les agents en charge de ces caméras pourront également basculer sur les milliers de caméras de surveillance des réseaux RATP et SNCF, rendant la traque des suspects grandement facilitée.

Les parisiens n'en sont pas encore au stade de la résistance par le vandalisme des caméras de surveillance, mais certains à Paris commencent à s'inquiéter de cette atteinte manifeste à la liberté de mouvement, et collent des affiches ou font des pochoirs sur le sujet :

D'autre se mobilisent sur internet. Ainsi, Owni a développé sur son site une application qui permet de géolocaliser les caméras via son téléphone mobile.

Paris Sous-Surveillance propose quant à eux une cartographie participative des caméras dans l'espace public pour mieux surveiller les surveillants…

Rappelons tout de même que contrairement au graffiti qui n'occasionne qu'un « dommage léger », détruire une caméra de surveillance relève d'un « dommage grave » et est punissable de peines conséquentes…

Pour en savoir plus sur le sujet, un article de France24 est à lire ici.