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Brésil: le Mondial divise le Street Art

Avec 5 victoires en Coupe du Monde, le Brésil est incontestablement le pays du Football, un sport qui suscite habituellement chez les Brésiliens un engouement fédérateur et une ferveur nationale rare.

Le pays accueille cette année la Coupe du Monde. Les Os Gemeos, passionnés du ballon rond, originaires de São Paulo et précurseurs du street art brésilien, ne se sont donc pas faits prier lorsque les responsables nationaux leur ont demandé de repeindre un avion très spécial : le Boeing 737 qui transportera l'équipe de football nationale pendant ses déplacements, rien de moins.

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Malgré de nombreuses contraintes techniques, les jumeaux ont réalisé cette œuvre volante en 1 semaine, utilisant près de 1200 bombes de peinture MTN, et réalisant enfin un de leurs rêves :

« Tout le monde a déjà pensé à marcher sur les nuages, c'est enfin possible avec cet avion. »

-Os Gemeos


 

Pourtant cette année, l'unité nationale et le consensus autour du football ont volé en éclats : face aux coûts exorbitants liés à l'organisation de cet évènement historique,  les manifestations anti-Coupe du Monde se multiplient dans tout le pays depuis plusieurs semaines. Le Mondial 2014 a en effet déjà coûté plus de 8 milliards d'euros, une fortune qui aurait pu être dépensée pour l'éducation et la santé. Les street artistes locaux expriment donc aussi leur colère et leur indignation dans les rues de São Paulo et Rio de Janeiro, comme l'explique Konbini :

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Réalisée sur la façade d'une école dans le quartier de Pompeia à São Paulo, l'œuvre du street-artist brésilien Paulo Ito est rapidement devenue le symbole des anti-Coupe du monde en se propageant sur les réseaux sociaux.

On pouvait s'en douter, la mégalopole bétonnée qu'est São Paulo est depuis longtemps un repère de street artistes brésiliens, connus pour leurs œuvres souvent colorées, et surtout revendicatives. Paulo Ito dénonce ainsi à travers l'art, les dépenses exorbitantes pour la Coupe du monde dans un pays où les disparités sont encore importantes.

Paulo Ito

Paulo Ito

En effet, selon un article du Monde.fr :

« En 2007, lors de la sélection de la candidature brésilienne, les prévisions de dépenses pour les enceintes sportives, les transports et les infrastructures s'élevaient à 3 milliards d'euros. Sept ans plus tard et à trois semaines de la Coupe du monde, cette somme devrait atteindre près de 11 milliards d'euros. »

Une somme presque quatre fois plus élevée que les estimations, dénoncée à plusieurs reprises lors de manifestations dans les grandes villes du Brésil. Pour autant, l'artiste ne vise personne en particulier. Il n'a d'ailleurs visiblement pas apprécié que TV Revolta, une page Facebook extrêmement suivie au Brésil, où la publication a fait plus de 25 000 partages, ait utilisé son œuvre pour attaquer Dilma Roussef.

Selon lui, la présidente populiste héritière de Lula a fait de bonnes choses pour les plus pauvres. Interviewé par Slate, il conclut  :

« Je ne voulais pas dire que rien n'est fait contre la pauvreté. Mais nous devons montrer au monde entier que la situation n'est toujours pas résolue. »

Côté graffiti plus « musclé », quelques-uns en ont aussi profité pour exprimer leur rage, comme ici sur un train de banlieue de Rio de Janeiro. Le résultat n'est pas des plus esthétiques… Mais le message est là : FUCK FIFA !

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Photos Os Gemeos :  UOL / Texte Paulo Ito : Konbini

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Sao Paulo: 120 Lbs

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120 Lbs est une vidéo en provenance de São Paulo au Brésil dans laquelle les crews AEM, MIA, DAG collaborent pour laisser une empreinte visible sur une ville saturée de graffitis et de pixadores.

Ils matraquent les rues à coups de tags scandaleux à l'extincteur, sur des façades vierges comme le Théâtre municipal et des bords d'autoroute, ce qui leur vaut un passage dans les journaux télévisés locaux.

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Tristan Mausse – São Paulo, pixadore jusqu'à la mort

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Tristan Mausse s'est récemment rendu au Brésil. A São Paulo, il a pu s'entretenir avec Nave, un pixadore local et nous a communiqués ses impressions de voyage.

C'est en me rendant à São Paulo que j'ai réellement compris le sens du mot fourmilière.  Les immeubles, le bruit, les gens, les favelas, les restaurant chics ou encore les effluves de merdes tentant de se frayer un chemin vers la lumière font de cette métropole une salope soumise, prête à tout. Mais en y prêtant bien attention São Paulo ressemblerait plus à une vieille gueuse au litron tatouée sur la gueule, ouais c'est ça. Sao Paulo est une garce tatouée. Où les tatouages seraient remplacés par des lettrages pixaçao. Rien à voir avec du graffiti ici, non. Les Futura 2000 ou les Dondi n'avaient qu'à se tenir.

Nous avons rendez-vous avec Nave dans une rue tranquille de São Paulo mais tout de même bien saignée de pixaçao. Je suis accompagné par mon contact brésilien qui fera la traduction. Après quelques minutes d'attente notre homme arrive enfin dans une Golf noir, il est seul et descend péniblement de sa vieille carlingue.

Nave ressemble à un gros nounours mais a le visage meurtri, ne prête apparemment aucune attention à son apparence et laisse percevoir l'image d'un mec qui a sévèrement morflé et qui est passé par tous les stades que peut comprendre la vie de rue. Il a l'air tout de même amical, et commence à parler sans aucune retenue.

« J'ai commencé à faire du pixaçao en 1994, c'était ma destinée, c'est ce que je devais faire. A la base c'était un acte de rébellion, j'adorais le mouvement punk des 90's, et le pixaçao en faisait partis. C'est d'ailleurs comment ça que le mouvement est née, on a créé un alphabet totalement différent du graffiti classique, est qui n'existait qu'à São Paulo! Pour contrer la culture graffiti, c'est la base du mouvement punk : la contre-culture. Mais le pixaçao c'est une histoire de gangs, j'ai fait partie de mon gang bien avant de commencer à peindre les immeubles. Grife c'est le nom que l'on donne lorsque plusieurs gangs de pixadores s'associent, ça donne plus de force au groupe, mais ça donne aussi plus d'emmerdes ! Quand tu as grandi dans les favelas de São Paulo, intégrer un gang est normal, ça fait partie de ton destin »

Appuyé contre sa bagnole, Nave se retourne et ouvre son coffre. Bouche bée je discerne des centaines de bombes, mais rien d'autre. Un coffre rempli à ras bord de sprays et uniquement de sprays. J'imagine alors très vite le quotidien du bonhomme.

« Les gens ici n'aime pas trop, mais tant mieux. Le pixaçao est fait pour les pixadores. C'est pas du graffiti je te le répète, tu risques gros en faisant ça, en plus des peines de prisons il y a beaucoup de baston entre gangs et règlements de comptes, crois-moi, je sais de quoi je parle. J'ai beaucoup de potes qui sont morts en tombant d'un immeuble, la semaine dernière encore, on était bien haut, putain on était en train de massacrer l'immeuble quand mon pote est tombé d'au moins 30 mètres de haut, il est mort devant mes yeux. Mais comme on dit les pixadores ont 7 vies, je continuerais jusqu'à la mort. »

Il remonte aussi vite que possible dans sa vieille caisse, démarre et se barre, il sera resté 10 minutes juste histoire de rendre service à son pote me dis-je. Nous sommes à présent seuls, toujours dans cette rue gorgée de hiéroglyphes établis avec fanatisme, sacrifice et dévouement. Pixadore jusqu'à la mort !

Pour en savoir plus sur le sujet, le livre Pixacao, Sao Paulo Signature de François Chastanet est disponible ici sur Allcity.fr.