Stayreo s'empare du concept de stop motion et réalise une fresque animée. A l'image de ce qu'a pu faire Blu en 2008, il met en mouvement son dessin. Pendant deux mois, Stayreo se lance dans un freestyle pictural, à la peinture et au marqueur. A coup de lignes, de droites et de courbes, il attaque le mur sur le thème du New World Order. Il commence au noir, puis ajoute un orange vif et un gris clair, qui donnent de l'éclat au graphisme. Une pyramide, symbole de la suprématie des élites, dégueule de la peinture blanche sur une première composition d'usines, de cheminées et de buildings. De la fumée âcre sort de tuyaux biscornus. Un ovni s'envole. La composition est en perpétuelle évolution.
Les enchevêtrements géométriques et les petites cases de couleurs ne manquent pas d'inspirer ses compères qui ajoutent des détails. Ema incorpore son lettrage à la structure. Mister Pee parsème la fresque de dessins naïfs et Süsol de têtes d'inspiration africaine, sans yeux ni oreilles. Des vomissures expressionnistes bigarrées laissées par Popay dépassent des cases. Urm met sa touche politique égratignant la société capitaliste et le travail à la chaîne. Et M. Chat peint une fleur rouge en référence aux « roses » bosniaques, ces marques d'obus remplies de cire rouge, qui égrènent les rues de Sarajevo en hommage aux victimes de la guerre.
À intervalles réguliers, Stayreo fait une pause et prend une photo.
Le tout est mis en mouvement sur un morceau du duo Mutation Phonique (Nko et Stereo), Haka disaster : un sample sombre et déconstruit, mêlant guitare, voix maoris et l'hymne le plus politique du roi de la pop sur une rythmique breakbeat.
Le résultat : un stop motion saturé, déstructuré, à l'esthétisme urbain teinté d'expressionnisme.
Source : Painthouse Project