A l'occasion de la nouvelle vente aux enchères de graffiti organisée chez Artcurial le 22 mars 2010, Jonone y est venu vendredi dernier faire son show.
John Perello, a.k.a Jonone, est un des acteurs majeurs du graffiti. Originaire de Harlem, il commence vers 17 ans à tagguer sur les métros son nom -Jon- suivi de 156 (sa rue). Il se distingue rapidement des autres taggueurs en se tournant vers l'abstraction.
« Ce sont les gens qui peignaient des métros et des gigantesques fresques murales quand j'étais petit qui m'ont attiré vers la peinture. Quand tu voyageais en métro et que depuis ton wagon t'y voyais bouger les murs à trente/quarante kilomètres heure, c'était un véritable flash de couleurs, une explosion qui sortait du tunnel. C'est ce qui a influencé mon style : la vitesse des couleurs. Donc quand tu vois mon travail, ce n'est pas simplement de l'abstraction d'influence Picasso, Kandinsky ou Pollock, c'est plutôt la force et l'énergie d'un mur que tu vois d'un train qui bouge. »
Pour retrouver cette énergie, il n'hésitera pas à mélanger très tôt la bombe et la peinture sur les métros :
« A l'époque, je volais beaucoup de bombes, mais ça devenait de plus en plus dur. Dans les magasins de peintures, toutes les bombes étaient dans des cages alors que la section acrylique, à côté, était sans surveillance. C'est comme ça que j'ai commencé à piquer des acryliques qui coûtaient hyper cher. J'ai commencé à avoir un bon stock que j'ai vite été amené à utiliser sur les métros ».
Il découvre la toile en 1985 grâce à son ami A-One, et viendra à Paris en 1987. C'est à ce moment là que les parisiens découvriront son throw up sur tous les stores des magasins, des blocks sur les camions, ses fresques dans les terrains vagues, ses toiles dans les expositions (la première en 1990 à Berlin, puis chez Agnès B, Willem Speerstra, Magda Danysz, etc.).
Si la base de ses toiles reste généralement une superposition de son tag jusqu'à le rendre illisible, il affirme ironiquement s'en « foutre du tag ». Ce qu'il recherche, c'est la lumière. La lumière colorée, « celle que l'on a dans les yeux lorsqu'on fixe trop longtemps un projecteur : on est aveuglé, on voit des rayons de toutes les couleurs. »
Explication en photos par Hugo Vitrani :
Source : Mediapart