Capdorigine a interviewé RCF1 par mail, en voici quelques extraits.
« J'ai appris à peindre avec ces caps d'origine, bruts, il faut acquérir des gestes précis et rapides pour dominer cette force industrielle de la peinture en bombe. A mon avis toute l'esthétique et la dynamique de l'aérosol-art en découlent. Je n'aime pas quand ça ressemble à du vectoriel, les caps d'origine ou le fatcap c'est la bombe dans ce qu'elle a de plus spécifique. »
« Aujourd'hui j'observe les graffitis que je peux voir directement dans la rue mais je ne cherche plus à tout prix à savoir dans des revues ou sur internet ce qu'il se passe dans le monde. Un peu saturé en fait. J'avoue que je traverse des périodes sans. »
« Dans les années 90 avec Honet, Poch ou Shun on cherchait de nouveaux styles qui se détachent des lettrages new-yorkais, j'avais beaucoup puisé dans les fontes sixties type « garage » pour ma part. Sur toile j'adore le format carré comme une pochette de vinyle, et je fais souvent référence à des chansons que j'aime, comme pour me les approprier. Comme je ne sais pas jouer d'instrument, c'est surement une façon de compenser. Un de mes tableaux préférés fait référence à I wanna be adored des Stone Roses qui reste sans doute un de mes titres favoris. Mais bon, le vrai exutoire c'est de jouer comme DJ. Soirées soul, rythm'n'blues, indie, pop… »
« Il n'y a rien de plus moche qu'un camion blanc, je les ai peint pour égayer là où je vis. C'est un chouette support à peindre pour son format et puis ça circule dans la ville. Voir son nom passer en grand en centre ville, devant les monuments, dans les beaux quartiers c'est la bonne surprise avec les camions. C'est marrant en fait et c'est un des plus beaux supports du graffiti pour ça. J'habite à côté d'un marché, j'avais vite repéré les astuces pour en faire beaucoup. »
« En fait je pense qu'on a amené une culture complétement underground, truffée de codes secrets liés à l'illégalité, vers une ouverture mainstream qui l'a finalement rendue banale. Je pense à l'expo de la Fondation Cartier notamment. Les fanzines, les blackbooks. C'est fini le secret, j'étais un peu amer qu'on aie présenté ces ingrédients avec les œuvres, normalement ça aurait dû rester en cuisine. On se sentait comme dépossédés de nos secrets. Mais c'est dans l'ordre de l'histoire, ça n'allait pas non plus durer toute la vie. En fait on est reconnus mais souvent pas pour les bonnes raisons. On associe en galerie des artistes si éloignés les uns des autres simplement parce que leur outil est une bombe. Des gens qui ont peint flopée de trains, des styles pas possibles de créativité, mis au même niveau que des petits arrivistes qui ont collé trois sérigraphies dans les rues galeristes. En fait on s'est fait niquer je pense. [...] Aujourd'hui les experts pour le public c'est Magda Danysz ou AD Gallizia, pas nous. Tout le monde fait comme s'il avait oublié tout ce qu'on avait défriché en amont, pour conserver son statut auto-proclamé d'expert. C'est la vieille mentalité bourgeoise qui fait que quand un architecte parle à notre place on le prend plus au sérieux parce qu'il est architecte. Même s‘il ne serait pas foutu d'apprendre à aboyer à un chien, il sera toujours plus écouté des médias qu'un graffeur. »
L'interview est à lire dans son intégralité ici.
Source photos : Dotwingless, Dubwise, Soket, Tarou Rebeler, Vitostreet, 156