Sophie Pujas s'est entretenue avec Gris1, membre du très prolifique crew DMV, pour Artistik Rezo. En voici quelques extraits.
« Je suis tombé dans le graffiti quand j'étais ado, parce que je m'embêtais ! J'ai commencé par les tables et les murs de mon collège de Marseille, et ainsi de suite, au feeling. J'avais une copine, et je me souviens avoir pris trois bombes dans le garage de mon père et d'être allé tagger des mots en bas de chez elle ! A l'époque, je n'avais aucune ambition de devenir un artiste, et ce n'est qu'au fil des années que je me suis rendu compte que c'était ça qui me passionnait dans la vie. Les rencontres m'ont permis par la suite d'exposer, de montrer mon travail ; tout s'est fait très naturellement. »
« Aujourd'hui, nous, les graffeurs, on travaille avec des galeries, et c'est très bien. Mais il ne faut pas oublier d'où on vient, et j'aime bien me servir de mes expositions pour l'expliquer aux gens, un peu comme un cours d'histoire de l'art. Peindre sur les trains, les gens le voit encore comme quelque chose de négatif, alors que sans les trains des années soixante-dix à New York, il n'y aurait rien eu. J'ai commencé comme tout le monde, en faisant des choses illégales. Je suis allé très souvent au commissariat, je suis passé devant le juge, j'ai eu beaucoup d'ennuis judiciaires. Ca fait partie de ce qui m'a mené là où je suis. Pour moi, un graffeur ne peut être que quelqu'un qui est passé par cette période de vandalisme. Quelqu'un qui se contente de sortir des beaux-arts, même s'il est fort techniquement avec des bombes, ne sera jamais un vrai graffeur. Sur quinze ans de graffitis, j'en ai passé sept à agir majoritairement dans l'illégalité. Aujourd'hui, j'ai trente ans, je suis dans une réflexion différente. Je ne suis plus du côté du vandalisme, mais par contre je fais toujours des choses dans la rue, des fresques. Et je constate que les gens ont le sourire quand ils nous voient faire des œuvres colorées en pleine ville. »
« Faire une expo, c'est partager un peu de son intimité, mais aussi, pour moi, montrer quelque chose de ludique. Je veux donner aux gens quelque chose qui va les sortir de leur quotidien, les amuser. C'est la meilleure façon de leur donner envie de comprendre. Parce qu'aujourd'hui on entend tout et n'importe quoi, on mélange street art et graffiti, des gens se prétendent experts sans qu'on sache vraiment pourquoi… Certains magazines présentent les 100 plus grands artistes de la planète, mais c'est du copinage ! Aujourd'hui, on est obligé d'être reconnu par des gens qui n'ont rien à voir avec le mouvement pour être dans ce genre de liste. Je trouve ça un peu réducteur. Ça fait un peu compilation commerciale, et c'est dommage. »
L'interview est à lire dans son intégralité ici.