Interview Honet

En 1988 au collège, Nick Ta Mère était une insulte commune et le nom d'un groupe de rap qu'on ne présente plus. Honet a choisi son pseudo en prenant le contrepied de cette tendance. Depuis il a fait du chemin et a notamment réalisé une collection capsule pour Lacoste, ce qui a éveillé la curiosité du magazine Vices qui l'a interviewé, on s'est occupé de la traduction.


Pourquoi le graffiti ?
Ce que j'aimais le plus au début, c'était passer la nuit dehors avec mes potes à foutre la merde. Les punks me fascinaient. Paris était une zone de non-droit à l'époque. Il y avait beaucoup de gangs : les zoulous, les skins, les mods, c'était une période assez dangereuse.

Des zoulous ?
Oui, des groupes de noirs qui trainaient aux Halles ou à la Défense, écoutaient du rap et chaque nuit se battaient contre les skins, les redskins et tous ceux qui écoutaient du rock. Chacun avait son propre crew avec ses propres couleurs, mais j'écoutais aussi bien du rap, du rock ou du punk à l'époque. J'aimais autant les Béruriers Noirs que Public Enemy.

J'ai entendu dire que tu étais le roi des Catacombes ?
Hahaha, je n'ai rien entendu de tout ça mais je traine beaucoup sous terre. J'aime ça, c'est une sorte de palliatif. Je fais beaucoup moins de graffiti illégal et je me suis mis à faire de l'exploration urbaine, à chercher des endroits ou les gens ne pensent pas, ou ne peuvent pas aller, des endroits cachés et chargés d'histoires. Quand tu peins depuis longtemps tu as l'impression que la ville t'appartient. Tu finis par connaitre le métro par coeur, les tunnels et les endroits interdits, il en faut toujours plus.

J'ai entendu dire aussi que l'Opéra est un endroit hallucinant. Il y a une pièce circulaire ou les danseuses s'entrainent ?
Oui, dans cette pièce il y a une petite fenêtre sans barreau, on a réussi à l'ouvrir et à accéder aux toits et aux statues en or. C'est très beau. L'architecture est étrange dans les sous-sols. Il y a des escaliers partout et des trappes qui donnent accès à un lac souterrain.

Ce n'est donc pas une légende ?
Non, tu peux y descendre te baigner si tu en as envie.

Est-ce que l'industrie essaie de s'acheter une crédibilité par rapport aux jeunes ou est-ce que c'est plus que ça ?
Avec le temps je me suis rendu compte que le graffiti est une forme de publicité. Il s'agissait de faire connaître mon nom le plus possible, partout. Quand on peint un train on sait qu'il sera en mouvement au moment d'entrer en gare et on sait quelles formes et quelles couleurs choisir pour s'assurer un impact maximum. C'est ce que font les les gens dans les agences de pub, ils pensent à l'impact. J'ai passé 20 ans de ma vie à faire de la publicité sans le savoir.

Quels sont tes rapports avec Lacoste ?
Comme je l'ai déjà dit, quand j'étais gamin j'ai été vraiment influencé par cette idée de crew au sens d'équipe. Tous ces groupes se reconnaissaient entre eux par les vêtements qu'ils portaient, il y avait une sorte de fétichisme autour du vêtement. Ça a toujours été très important pour moi et tous les vêtements que je porte ont une signification. Lacoste était une marque portée par mes parents et mes grands-parents. C'étaient les premiers vêtements que j'ai portés gamin, il y a donc une histoire derrière cette marque, surtout les polos. C'est un peu un vêtement de base pour moi.

Certains de tes modèles chez Lacoste sont inspirés du camouflage dit Dazzle, tu peux m'en dire plus ?

Les anglais ont été les premiers à demander à des artistes de concevoir un camouflage pour les navires de guerre. Le Dazzle n'était pas vraiment un déguisement mais plus un moyen de brouiller l'estimation de la distance, les radars n'existaient pas encore et tout se faisait visuellement. Ça n'a pas été très concluant et le Dazzle a été rapidement abandonné. Quelques bateaux ont été repeints de cette manière, ils étaient très pop. J'adore l'exploration, je suis toujours à la recherche des bunkers de la 2nde guerre mondiale. La guerre et l'art du camouflage sont de grandes sources d'inspiration pour moi.

La bombe de peinture réalisée par Honet en collaboration avec Montana Colors est disponible ici sur Allcity.fr. Elle vient célébrer les 20 ans de carrière de l'artiste.

4 commentaires

  1. Polat le

    Lacoste était une marque portée par mes parents et mes grands-parents.Petit bourgeois qui se prend pour un prolo…

  2. Farce Ouvrière le

    Ouaiiiiiiis t’as trop raison, y’a que les bourgeois qui portent du Lacoste…. pov’ con aigri..

  3. Sline le

    vous pouvez effacer tous mes commentaires ,merci d’avance
    **EDIT** c’est fait

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