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Les casseurs de pub – 10 ans plus tard

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Alors que Converse avec l'accord de Metrobus (régie publicitaire de la RATP), confie à 3 artistes le soin de modifier ses affiches dans plusieurs stations parisiennes pour sa nouvelle campagne de publicité, Sami Battikh, fondateur de la Brigade antipub et journaliste freelance, fait un état des lieux pour Rue89 de la résistance, plus de 10 ans après la première action antipub de grande ampleur dans le métro parisien. En voici quelques extraits :

« J'ai pour ma part créé la BAP (Brigade antipub) quelques jours après l'action du 7 Novembre 2003. Le site est très rapidement devenu la plateforme de discussion et de réflexion des différents acteurs antipub français. Si les actions sont initialement annoncées sur le site, très vite, il est décidé de ne plus communiquer de rendez-vous face à la menace de poursuites judiciaires (le site Stopub est rapidement fermé par son hébergeur suite à une plainte de la RATP). Car dès la deuxième action, la RATP décide de combattre le mouvement par la force : arrestations massives, contrôles d'identité et passage au poste pendant plusieurs heures pour rassemblement non déclaré. La régie de transport public fait tout, en lien étroit avec la préfecture, pour étouffer le mouvement. »

« Mais jamais, depuis dix ans, le mouvement ne s'est éteint. Plusieurs groupes informels continuent de se réunir (entre dix et quinze personnes) pour des actions de barbouillage dans le métro parisien. Le site de la BAP existe toujours alors que d'autres forums privés permettent de discuter et de proposer des actions et des rendez-vous. D'autres initiatives, moins risquées légalement, ont également vu le jour, à l'image des Déboulonneurs ou des Recouvreurs. »

« Difficile toutefois de ne pas faire le constat qu'en dix ans de lutte, la situation a nettement empiré dans le métro parisien. En 2010, la RATP a ainsi prolongé de neuf ans, sans la moindre concertation, le contrat qui la lie à la société Metrobus. Il n'y a jamais eu autant de pub dans le réseau francilien, et elles sont de plus en plus intrusives. Pour reprendre l'étonnement de Michel Serres, je ne comprends toujours pas comment des millions de citoyens acceptent si facilement de se voir imposer autant de messages de la part de sociétés privées, qui investissent cet espace public et partagé simplement grâce à de l'argent. Cette propagande libérale a forcément un impact sur tous ceux qui y sont exposés des milliers d'heures chaque année. Comment ne pas considérer que ces publicités impriment en nous des schémas de pensée et de société ? Des schémas essentiellement sexistes, consuméristes et conservateurs. On nous sortira l'argument soi-disant massue du porte-monnaie de l'usager, notamment en période de crise. Sauf que l'agression publicitaire ne rapporte à la RATP que 100 millions d'euros par an, ce qui ne représente que 2% du chiffre d'affaires. »

L'article est à lire dans son intégralité ici.

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New York: Kaws se paye le métro

Le magasin Macy's situé sur Herald Square à New York se trouve pratiquement au pied de l'Empire State Building et à quelques pas du Madison Square Garden. C'est le plus important de la célèbre chaîne de magasins de grande distribution américaine qui compte plus de 650 établissements dans tout le pays. Le Macy's d'Herald Square est considéré comme le plus grand magasin du monde.

Cette année, pour la parade de Thanksgiving, Macy's a invité Brian Donnelly alias Kaws à réaliser un ballon gonflé à l'hélium reprenant son célèbre personnage version XXL.

Mais ce n'est pas tout, puisqu'il a également été chargé de la campagne de publicité du magasin pour les fêtes de fin d'année… C'est à cette occasion, que Kaws vient de relooker intégralement une rame du métro new-yorkais (intérieur et extérieur), circulant entre les stations Grand Central et Times Square, offrant ainsi à Macy's autant de visibilité sur le réseau qu'un whole car de Blade ou Seen à la belle époque !

Plutôt étonnant, lorsqu'on sait que la compagnie du métro de New York, la MTA, s'est battue pendant des années pour éradiquer le graffiti de ses métros, notamment grâce au service d'un vandal squad parmi les plus réactifs (et réac) au monde.

Kaws se paye ainsi le luxe de redécorer une rame complète à son nom (et un peu celui de Macy's quand même…) rappelant fortement les heures de gloire du graffiti new-yorkais. Le graffiti ne serait-il soudain plus le vecteur d'insécurité qu'ils prétendent depuis 40 ans, lorsque la puissance financière d'un groupe comme Macy's entre en ligne de compte ?

Belle ironie de l'histoire du graffiti en tout cas, et une superbe leçon de morale made in USA : le graffiti c'est mal, sauf si tu payes ! L'argent achète tout au pays de l'Oncle Sam…

Quelques photos :

2 des 3 voitures de la rame :

Source : 12oz

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Les casseurs de pub

Les Jeux Olympiques d'Été qui se déroulent à Londres sont l'occasion d'une débauche publicitaire impressionnante et donc d'une réaction anti-pub proportionnelle, différents artistes ont réagi en détournant les anneaux olympiques ou en s'attaquant aux panneaux publicitaires. C'est l'occasion pour Jean-Marc Sfeir de faire un petit état des lieux de la résistance à la publicité en France :

La publicité n'a pas que des amis, loin de là. Avec l'avènement d'Internet, la résistance est de mieux en mieux organisée. Pour protester contre l'agression de la pub, le meilleur moyen est de jouer sur le même terrain qu'elle : saboter son message en le détournant de son sens initial.

Voici une sélection de quelques détournements originaux, qui prouvent que les casseurs de pubs savent parfois être créatifs et drôles.

Le meilleur terrain de jeu pour les antipub est sans nul doute le métro et ses grandes affiches vues par des millions de passagers tous les jours. La publicité dans les couloirs et sur les quais a de nombreux détracteurs, surtout depuis l'apparition d'écrans animés.

Pour certains, le vide est mieux que la publicité.

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Blackberry X MTN: fixies phosphorescents

La publicité est un aspirateur à tendances, ce n'est pas nouveau, et malgré tous les efforts de notre bon vieux Kidult pour combattre la récup' du graffiti, les publicitaires n'ont pas fini de se gaver et d'exploiter le filon.

Ainsi vous l'aurez peut-être remarqué, la bombe MTN 94 fait une brève apparition dans la toute nouvelle pub Blackberry. Pourtant ce n'est pas le graffiti qui est récupéré cette fois-ci, mais plutôt la pratique du fixie… Ouf, Kidult peut ranger son extincteur, l'honneur est sauf !

Le pitch de ce spot : des jeunes repeignent leur vélo en phosphorescent à la 94, puis se retrouvent la nuit pour rider en ville. Bizarre à priori pour les non-initiés, puisque la 94 n'existe pas en phosphorescent… A tous ceux qui voudraient donc les imiter, ne cherchez plus, la bombe phosphorescente s'appelle l'Alien Poltergeist et voici la clé de l'énigme :

Pour repeindre votre vélo (ou tout autre objet) et obtenir un effet phosphorescent, passez une première couche de blanc ou de couleur claire à la MTN 94. Laissez sécher un peu, puis passez une seconde couche à l'Alien Poltergeist. Laissez l'objet prendre la lumière pour que les pigments phosphorescents puissent se recharger, puis mettez le dans l'obscurité : c'est magique, ça brille, vous êtes fin prêts pour le prochain spot Blackberry.