A Milan en Italie, la répression du graffiti a franchi une étape supplémentaire suite à une action sur métro qui a mal tourné. Il faut dire que les palancas, ces actions coups de poing qui consistent à bloquer une rame en circulation pour la peindre, finissent souvent en bagarre générale et ont tout pour attirer les foudres des autorités. Le 20 Avril 2013, tard dans la soirée à l'arrêt Villa Fiorita sur la ligne verte du métro, un groupe de writers a ainsi semé la panique en tentant de peindre à quai, comme l'explique cet article en Italien du Courrier de Milan, que nous avons traduit.
Dans une vidéo filmée à la GoPro confisquée par la suite, on voit les writers tirer le système d'alarme dans différents wagons avant de s'attaquer à la rame, bombe de peinture à la main :
Les voyageurs semblent stupéfaits, saisis par la peur. Alors que le chauffeur du train se rend dans les wagons pour débloquer la rame, une altercation a lieu avec un des writers, la scène est confuse, mais on distingue clairement deux individus s'en prendre au fonctionnaire en service à coups de peinture dans la figure. Le commando prend ensuite la fuite par les voies.
La police de Milan dispose d'une cellule anti-graffiti dirigée depuis 10 ans par le commandant Tullio Mastrangelo. Lors d'une perquisition chez un writer de 24 ans, la police tombe par hasard sur la vidéo de l'action tournée à la GoPro. Stupéfaits par la violence de l'action, les forces de l'ordre décident d'enquêter.
Ils savent que les writers profitent d'un moment d'inattention et d'une surveillance défaillante pour peindre dans différents dépôts. Mais ce type d'action reste exceptionnel, plus de danger, plus d'adrénaline et par conséquence des infractions qui dépassent largement le cadre du graffiti : violence en réunion sur un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions, interruption du trafic…
Cette enquête a conduit à l'arrestation de 17 personnes dans toute l'Italie à Milan, Turin, Gênes, Monza, Rome et Lecce. Parmi ces 17 personnes, 2 sont mineures et on trouve aussi bien des Italiens que des étrangers. Le crew OTV est identifié et rapidement mis en cause pour cette action.
L'enquête, avec l'appui des procureurs de Milan, concerne 3 actions dans le métro de Milan et met en cause près de 40 suspects. Le procureur général, Edmondo Bruti Liberati a déclaré :
« Nous sommes confrontés à une situation dangereuse. »
Le procureur Elio Ramondini ajoute :
« La collaboration avec la municipalité est cruciale, car la stratégie ne peut pas être seulement répressive. »
Un point sur lequel insiste Anna Maria Fiorillo, avocat pour mineurs :
« Ils n'ont absolument pas conscience que ces actions sont caractéristiques d'un comportement antisocial. Ces mineurs ont besoin d'une réponse éducative. »
« L'équilibre est fragile. Il faut faire attention, le graffiti se transforme en délinquance en bandes organisées. »
-Fabiola Minoletti, Organisation anti-graffiti
Le conseiller de la stratégie pour la sécurité Marco Granelli conclut :
« Les actions qui visent à décorer Milan doivent être encouragées, mais ceux qui salissent et se comportent violemment doivent être punis, la distinction doit être très claire. »