En Angleterre, le couperet est tombé pour Vamp. Il passera les 3 prochaines années à l'ombre. Condamné pour vandalisme, son cas a fait les choux gras de la presse locale qui se régale avec l'histoire d'un homme inséré dans la société, père de famille et passionné de graffiti. Romain André, du journal des étudiants de HEC Montréal, a récemment exposé son point de vue dans cet article :
Sentence exceptionnelle pour un vandale exceptionnel.
Kristian Holmes n'a pas la gueule du gangster et pourtant le bonhomme est traité par la presse britannique comme si cette face rondouillarde avait été celle de Pablo Escobar et la justice londonienne n'en fait pas moins en le condamnant à 3 ans et demi de prison ferme le 17 Juin dernier. Mais qu'a donc fait ce dangereux criminel pour cela ? Et bien celui qui a couté à l'État Britannique £250 000 est plus connu dans le milieu du graffiti sous le nom de Vamp. J'imagine votre stupéfaction en lisant ces lignes ; oui on peut être condamné si lourdement pour du vandalisme. Là où l'affaire interpelle l'Angleterre est que M. Holmes, employé qualifié de normal par ses collègues, père de deux enfants et gagnant a 32 ans l'équivalent de 100 000$, chamboule l'image que le public se fait du graffeur vandale. Ceux qui s'imaginaient tous les matins et prenant le métro que les gamins du quartier étaient responsables du peinturlurage des voies, réalisent que leur morveux est trop peureux et trop peu expérimenté pour de tels actes.
Mais ce qui me choque particulièrement dans cette affaire ce n'est pas tant la manière dont Holmes est devenu un phénomène de foire (après tout nous avions connu un cas similaire lors de l'arrestation surmédiatisée de Revok en 2011) ; ou encore la sévérité de la condamnation qui, bien qu'exceptionnelle, nous rappelle le sens du terme tolérance zéro, leitmotiv de la politique anti-graffiti londonienne. De plus la sentence est pour ainsi dire à la hauteur de l'homme dont le blaze inspire le respect dans le milieu. Non, ce qui me met hors de moi ce sont les mots du procureur, relayés par la presse anglaise :
« Mr Holmes is a prolific graffiti vandal. We are not talking here about witty imaginative images such as those I expect you are familiar with by Banksy … I would suggest what you are dealing with is simple damage.
Mr Holmes est un vandale prolifique. Nous ne parlons pas ici de représentations imaginatives et pleines d'esprit dont nous sommes familiers avec Banksy… Je dirais plutôt que c'est de la dégradation. »
Est-il donc acceptable de peindre illégalement en Angleterre du moment que vous faites de jolies images qui plaisent aux bobos détenteurs du bon goût et que vous vous justifier par un pseudo engagement politique ? N'allez pas vous imaginer que je porte une quelconque haine contre Banksy, je respecte au contraire le travail du personnage, mais lui-même, dégouté de l'icône qu'il est devenu s'est senti obligé de s'excuser dans son film Exit Through the Gift Shop. Le travail qu'effectue Vamp nécessite au-delà de beaucoup de préparation et de sang-froid, une maîtrise de son sujet et de ses outils. Vamp n'a rien d'un toy ; terme utilisé dans le milieu pour désigner un adolescent boutonneux qui durant sa crise prend l'envie d'attraper une bombe de peinture. Il s'agit au contraire d'un artiste accompli, car tandis qu'Obey s'amuse à vendre des T-shirts à tous les hipsters qu'il croise, Kristian Holmes, déguisé en agent d'entretien, tapisse la ville de ses œuvres.
A présent méfiez-vous, peut-être que votre voisin, père de famille, bien sous tous rapports, attend en réalité que la nuit soit tombée pour redécorer les trains de votre ville avec son crew composé de votre boucher et du comptable dont vous vous moquez constamment au boulot. Ayons pour terminer une pensée pour sa famille et clamons ensemble Free Vamp pour celui qui il y a seulement deux ans peignait des Free Revok dans les rues de Londres.