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Bruxelles: le tagueur du Palais de justice arrêté

Le petit malin qui a escaladé l'échafaudage du palais de justice de Bruxelles pour y peindre un Idea Hot semble avoir été arrêté par le vandal squad bruxellois. Le juge belge en charge de l'affaire n'a pas du tout apprécié cette blague et a envoyé le jeune suspect directement en prison en attendant qu'il paye son amende et qu'un complice présumé soit lui aussi arrêté. Plus de détails sur cette triste histoire belge par 7sur7.

Dans la nuit du 26 au 27 Juin dernier, un gigantesque graffiti indiquant ideaHOT avait été peint sur la coupole du Palais de justice de Bruxelles. Le tagueur a été appréhendé ce mardi, il nie être l'auteur. Un autre suspect est toujours recherché, indique Sudpresse.

Le graffiti, large de huit mètres, était visible depuis la place Poelaert et la rue de la Régence, en contrebas. Depuis cette fâcheuse découverte, la cellule tag de la police bruxellois menait l'enquête pour tenter d'identifier le vandale. Un habitant de Bruxelles, âgé de 25 ans, a finalement été interpellé mardi à son domicile à Ixelles, où des croquis avec les lettrages Idiot et Idyot ont été retrouvés, ainsi que de la peinture et du white spirit. Il a été déféré devant le juge d'instruction qui s'est montré particulièrement sévère. L'auteur présumé du tag n'a pas seulement été inculpé de dégradations de bâtiment public, il s'est également vu délivrer un mandat d'arrêt avant d'être conduit manu militari à la prison de Forest.

Les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver un deuxième auteur, qui se trouverait en France.

La facture de nettoyage s'élève à 21 500 euros, précise encore Sudpresse, ajoutant que des mesures ont été prises pour éviter de nouvelles dégradations à l'avenir : l'interdiction d'accès aux échafaudages a été renforcée.

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Vandalisme à Paris: la facture des tags

La grand-messe du journal de 20h sur France 2 a encore frappé. David Pujadas, l'homme-tronc le plus connu du PAF sert la soupe à son audience en manque de sensations. Une fois de plus, les journalistes ont effectué un remarquable travail d'investigation et d'analyse, en stigmatisant le fléau du 21ème siècle : le graffiti.

Dans ce 1er reportage diffusé le 21 Mai 2012, on assiste à l'arrestation d'Oreak ASC, soupçonné d'être responsable de dégradations sur le matériel SNCF et RATP. On y fait la connaissance d'Emmanuelle Oster et de ses agents, visages floutés, de la brigade anti-tags. On a aussi droit à une petite balade dans un atelier où sont installés des nouveaux revêtements contre les dégradations.

Espérons que cette nouvelle brigade saura résister, contrairement à ses prédécesseurs, aux sirènes des pseudo-journalistes peu regardants, comme c'était le cas il y a quelques temps ici sur TF1.

Dans ce 2ème reportage intitulé Vandalisme : la facture des tag diffusé le 12 Septembre 2012, David Pujadas, avide de chiffres impressionnants, annonce que le coût du graffiti s'élève à près de 4,5 millions d'euros à Paris chaque année. On a évidemment droit à la sempiternelle  performance du writer repenti, Dest. La fin du reportage vaut son pesant de cacahuètes, la narratrice n'hésitant pas à établir des comparaisons aux sous-entendus pour le moins douteux : les writers empêcheraient, par leurs activités criminelles, la construction de crèches, de voitures électriques ou de rames de tramway…

France 2 a trouvé un responsable idéal de plus à tous nos problèmes, selon le fameux principe du bouc émissaire… Une technique inusable, très efficace pour que le quidam devant son poste de télévision ne se pose pas trop de questions, et sans jamais réaliser que ces médias lui servent tous les jours à la même heure sa dose de prêt-à-penser. La messe est dite.

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Police, Sécurité: le graffiti serait-il contagieux?

Jusqu'à preuve du contraire, le graffiti sur les trains et métros est illégal dans la plupart des pays dans le monde. Mais y aurait-il deux poids deux mesures à l'encontre de leurs auteurs ?

En effet dans certaines métropoles européennes, les services de Police et de Sécurité chargés de « protéger » les trains des writers semblent se prendre au jeu, jusqu'à en devenir des tagueurs eux-mêmes en adoptant leurs codes et leurs pratiques.

Ainsi à Paris depuis quelques années déjà, différents services de police et de surveillance se sont attribués des noms de crew : certains signent CATZ ou taguent leur propre logo, un F comme Ferro (Police Ferroviaire). D'autres se contentent de tracer des croix, des traits ou des diagrammes au fat cap.

Leur spécialité : toyer, c'est à dire repasser tous les graffs qu'ils voient. Pour le vérifier, rien de plus simple : il suffit de regarder par la fenêtre lorsque vous empruntez un train de banlieue à Paris, et vous constaterez que la plupart des graffs peints le long des voies ont été customisés à leur insu !

Pourtant dans les nombreux procès qui opposent la SNCF aux tagueurs et graffeurs, la compagnie ferroviaire avance toujours son argument favori : prétendre que la peinture des bombes détruit ou endommage en profondeur le matériel roulant.

C'est bien entendu faux, et la justice française leur a déjà donné tort à plusieurs reprises, notamment en 2009 lors du délibéré pénal de la fameuse affaire du procès de Versailles, stipulant que les graffitis sur les trains ne résultaient pas d'un dommage grave mais d'un dommage léger uniquement punissable de petites amendes et de peines de TIG – mais la SNCF aime se cramponner à cet argument choc.

Le paradoxe est donc exquis, maintenant que l'on sait que leurs propres services, armés de bombes de peintures, s'amusent eux aussi à barbouiller les trains et murs des voies ferrées en France.

A Rome également, où le métro de la capitale italienne est une cible de choix pour les peintres, la sécurité des dépôts ne se contente plus de tracer des barres ou inscrire des insultes sur les graffs : les gardes se sont choisis des noms de tag, et un nom de crew pour le moins explicite : Security Service.

Depuis, les SS (wow !) s'en donnent à cœur joie sur les rames de la capitale italienne, allant même jusqu'à menacer de mort les graffeurs les plus actifs; ici, Ronny a dessiné un cercueil au nom de Poison sur un métro :

Doctor Verga, Ronny et Lulas furent les premiers à franchir le cap, et un petit nouveau, Cobra, fait désormais également parler de lui en taguant sur toutes les plus belles pièces en circulation sur les lignes du métro; ici, c'est le fameux whole car Caput Mundi qui en fait les frais :

Le comble : une  tentative de graff Security Service, réalisé par des services de surveillance qui semblent avoir définitivement basculé du côté obscur de la force !

Dans ce monde à l'envers, pas question pour la police ou la sécurité de s'acheter leur propre peinture : les bombes sont directement « confisquées » aux graffeurs qu'ils attrapent, et le stock de « pièces à conviction » semble inépuisable !

Ignorant style, toyage, dépouille de bombes : le passé tumultueux des UV-TPK aurait-il fait des émules dans les rangs des forces de l'ordre ? Nous attendons avec impatience la prochaine étape, peut-être de beaux wild styles signés Police

En attendant l'ironie de la situation n'a pas échappé aux writers, qui ne manquent pas de régulièrement lancer quelques clins d'œil comme ici sur cette rame du RER A ou sur ce train italien :

Retrouvez les œuvres de l' (in)sécurité romaine sur XXRoma, excellent blog consacré au graffiti sur le métro de Rome.

Source photo Catz : 90BPM

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Un graff défigure la justice bruxelloise

Les belges n'ont pas fini de nous étonner, autant les writers locaux que les journalistes. Un petit malin a eu la drôle d'idée d'escalader l'échafaudage du palais de justice de Bruxelles pour y peindre un Idea Hot. Bonne pub certes, mais nul doute que les ennuis qui vont avec devraient suivre aussi vite. Les journalistes, quant à eux, se posent de vraies questions en cherchant un message caché derrière tout ça… Voici ce qu'en dit RTL.

Un étonnant graffiti a été remarqué par notre caméraman Steve Damman lors d'un reportage ce mercredi matin. S'ils ornent avec plus ou moins de succès les murs et façades de nos villes, tous les tags n'ont pas la particularité de dégrader un symbole de la justice belge; en l'occurrence le Palais de Justice de Bruxelles place Poelart.

Plainte et enquête en cours
Contacté par RTL, le porte-parole de la Régie des Bâtiments, Johan Vanderborght, a porté plainte contre X et a lancé des demandes de devis auprès d'entrepreneurs pour faire disparaître « l'œuvre ». Une entreprise délicate en raison de la difficulté d'accès à la coupole du bâtiment. Celle-ci avait été rénovée en 2002.

Comment sont-ils montés?
Entouré d'échafaudage, le Palais de Justice est en rénovation depuis des dizaines d'années. Normalement, l'accès à ces échafaudages est interdit et bloqué par des plaques métalliques. L'enquête devra donc également déterminer par quels moyens le ou les coupables sont parvenus à grimper au sommet de l'édifice.

Encore là pour un certain temps
La Régie des Bâtiments est habituée à faire enlever des dégradations de la sorte des bâtiments publics. Des contrats sont d'ailleurs passés avec des entreprises pour les faire enlever immédiatement, car « les tags attirent les tags ». La situation exceptionnelle de celui-ci explique qu'il sera encore possible de l'admirer un certain temps depuis la rue de la Régence.

Génie ou idiot?
Sur une surface d'environ 8 mètres de large, ce tag apparu cette nuit est composé des lettres « idEAHOT ». Littéralement « idée chaude » en anglais. Mais le « id » étant écrit en minuscule, il pourrait faire référence à l'identité, comme dans « id card », carte d'identité. Tout porte à croire que ce message apposé à cet endroit a donc un sens précis. A moins que cela ne soit que la signature de l'auteur… qui devrait dès lors être aisément identifiable. Dans ce cas, la consonance avec le mot « idiot » en anglais, signifiant la même chose qu'en français, pourrait montrer que le graffeur, par ailleurs félicité de toutes parts sur les réseaux sociaux, a conscience de ce que lui coûtera son œuvre s'il est attrapé…

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Graffiti à Paris: la guerre est déclarée

Le Parisien se fait le relai de la mairie de Paris dans cet article de Christine Henry. Une nouvelle fois, on y trouve l'éternelle opposition entre le bon et le mauvais graffiti dans une perspective hygiéniste. François Dagnaud, adjoint au maire chargé de la propreté, serait-il devenu critique d'art ? Il ne faudrait pas froisser les gentils touristes venus dépenser leur argent dans un Paris fantasmé sorti tout droit d'Amélie Poulain… Le business de certains commerçants en dépend, ainsi que celui des entreprises de nettoyage.

François Dagnaud, adjoint au maire chargé de la propreté, a décidé de renforcer le nettoyage des inscriptions sauvages, jugé trop faible. La guerre est déclarée.

Façades d'immeubles, rideaux de commerces, panneaux signalétiques, conteneurs… Les graffitis fleurissent un peu partout dans la capitale.

« Après une période d'accalmie, Montmartre est redevenu le terrain de jeu des graffeurs »

s'indigne ainsi Sylvie Fourmond, présidente de l'Association des commerçants de Lepic-Abbesses (XVIIIe).

« Malgré les signalements, les tags tardent à être effacés. Las de voir les inscriptions sauvages réapparaître sur leurs murs et leurs rideaux métalliques fraîchement repeints, le plus souvent à leurs frais, les commerçants ont fini par renoncer à engager de nouvelles dépenses pour effacer ces inscriptions sauvages. »

Face à ce ras-le-bol, la mairie de Paris change de ton. La guerre est officiellement déclarée aux tagueurs.

« Les tags constituent une pollution agressive. Il faut arrêter de cautionner ce grand n'importe quoi au nom de la liberté d'expression ou d'un alibi artistique. On est en présence d'une appropriation sauvage et d'une dégradation de murs privés et d'espaces publics. »

martèle François Dagnaud, adjoint au maire de Paris chargé de la propreté.

La Ville de Paris prend en charge l'enlèvement des inscriptions sauvages, ce qui n'est pas toujours le cas des autres communes de France. Mais cela n'a pas permis d'endiguer leur prolifération. Le phénomène a même repris de plus belle ces dernières années. En 2011, plus de 285 000 m2 de murs ont été nettoyés, au cours de 82 000 interventions.

« La situation a malheureusement dérapé au moment où le prestataire de la Ville était faible. »

concède l'élu. D'où le sentiment que les interventions tardaient alors que les signalements se multipliaient.

« Laisser les tags trop longtemps, c'est s'exposer à en voir fleurir de nouveaux dans le même secteur. »

rappelle une commerçante installée au pied de la butte Montmartre (XVIIIe). D'où la mise en place d'un nouveau plan de lutte anti-graffitis plus cher certes (13,5 M€ sur trois ans au lieu de 11,4 M€), mais censé être plus efficace et plus qualitatif. Il entrera en vigueur le 21 juin. Le marché sera désormais confié à trois sociétés (au lieu d'une seule dans le contrat précédent) chargées de couvrir des zones plus petites et de nettoyer aussi le mobilier urbain et les boîtes des bouquinistes. Autre nouveauté : le signalement ne s'effectuera plus via le numéro d'appel du prestataire, mais via le site Internet de la Ville de Paris (Paris.fr) ou le 39.75, ce qui permettra à la mairie centrale de contrôler le délai et la nature des interventions et d'appliquer des pénalités qui pourront atteindre 40% du montant des travaux en cas de défaillance des entreprises.

« On ne pourra pas continuer à s'échiner à nettoyer toujours plus haut, toujours plus loin. Il faut également se donner des moyens dissuasifs. »

insiste François Dagnaud qui incite les propriétaires privés à déposer plainte. Selon l'article 635-1 du Code pénal, un graffiti sauvage est passible d'une amende pouvant atteindre 1 500 € et être majorée si le délit touche un édifice public. L'élu lance aussi un appel au procureur général pour lui demander d'inciter le parquet à poursuivre les fauteurs de troubles.

Sources photos : Clickclaker, Crew Crooks, Vergio Graffito