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Métro Brescia: repérés sur Youtube

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Le Vandal Squad new-yorkais n'est pas le seul à utiliser les médias sociaux pour traquer des writers. Cette fois, c'est dans le nord-ouest de l'Italie que ça se passe. Brescia dispose d'un tout nouveau métro automatique, inauguré en 2013, qui n'a eu de cesse d'attirer les convoitises des writers depuis sa mise en service, et en particulier celle des fameux collectionneurs de systèmes.

Tout commence en Janvier 2014, quand un writer détecté par le système anti intrusion, immobilise une rame de métro à la station Piazza Vittoria. Un incident parmi d'autres, mais qui met la puce à l'oreille de la police locale.

Ce n'est qu'un peu plus tard que la machine judiciaire se met réellement en route, lorsqu'un groupe de 5 writers déterminés pénétre de nuit par effraction dans un tunnel de métro pour y peindre. Une action qui aurait pu rester plus discrète… mais que les auteurs ont évidemment choisi de documenter, filmer et mettre en ligne sur Youtube.

C'est alors que la véritable enquête commence. Les 5 writers figurant dans la vidéo sont rapidement identifiés.

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L'analyse de la vidéo permet d'étudier le modus operandi des writers très organisés pour parvenir à leur fin.

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Les perquisitions mettent à jour des liens avec des crews étrangers.

« Il convient de souligner que ceux qui planifient ces raids ont généralement un bon niveau de vie qui leur permet de se déplacer en Italie et à l'étranger. »
-Valter Muchetti, commissaire de la police de Brescia

La collaboration avec Interpol permet d'établir que l'auteur de l'interruption du trafic en Janvier 2014, est un jeune anglais de 24 ans… actuellement incarcéré en Autriche pour le même type d'infraction.

L'enquête aurait pu s'arrêter là, mais la justice locale en a décidé autrement : c'est ce qu'on appelle le deuxième effet Kiss Cool. 28 personnes résidant principalement à Brescia, dont des mineurs, sont arrêtés pour dégradations de biens publics. Ils risquent tous 1 an de prison.

Le message semble clair : le graffiti sous toutes ses formes n'est pas le bienvenu à Brescia !

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Trahi par Instagram

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La lutte anti-graffiti prend une nouvelle tournure depuis l'avènement de certains outils comme Instagram, Tumblr ou Facebook. Les writers y publient leurs derniers exploits, s'offrant ainsi une fame instantanée, mais la police veille, y compris sur le net.

Peter Podsialdo alias Semp516 a eu une drôle de surprise quand il a vu le Vandal Squad débarquer le 11 Juin 2014 suite à une enquête, dont les preuves ne sont rien de moins que toutes les photos de throw ups et de tags publiées sur son compte Instagram. Ce writer, piégé par une utilisation déraisonnée des réseaux sociaux, est poursuivi pour 23 chefs d'accusation, selon cet article publié sur la page Facebook du NYPD.

Quelques jours après que le NYPD ait annoncé sa volonté d'éradiquer le graffiti, un homme de 32 ans multi récidiviste a été interpelé jeudi pour répondre à 23 faits de dégradation sur des ponts et des murs le long de l'autoroute dans le Queens.

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Peter Podsiadlo a été arrêté par la police de New York à son domicile dans le comté de Nassau, ou il est employé comme opérateur d'équipement lourd par le ministère des Travaux Publics.

« Son tag Semp a été localisé dans de nombreux endroits le long des voies rapides de Cross Island Parkway et de Long Island »

William J.Bratton, commissaire du NYPD a déclaré en Avril dernier que la lutte contre la hausse des incidents liés au graffiti était une priorité pour son administration.

« La lutte contre le graffiti est une bataille permanente, c'est l'un des problèmes sur lequel je vais concentrer toute mon attention. Le graffiti est de retour, on a besoin de s'en occuper maintenant, c'est le premier signe de la décadence urbaine. »
- William J. Bratton

L'œuvre de Podsiadlo a été identifiée peu de temps après une première arrestation pour possession d'instruments destinés au graffiti en Mars 2014 sur le Boulevard Merrick, selon le Sergent Robert Serra du département de surveillance des autoroutes de New York.

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Suite à une course poursuite à pieds dans le Queens, il a été accusé d'entrave à l'administration gouvernementale et poursuivi pour 13 délits différents.

Après sa libération, la police a suivi à la trace Podsialdo en utilisant le hashtag #semp516 sur les réseaux sociaux comme Instagram sur lequel il publiait différents méfaits dont certains dataient de 4 ans.

Ces crimes sont une préoccupation majeure pour Bratton, adepte de la théorie de la fenêtre brisée. Les petites infractions laissées sans réponse conduisent à de plus graves problèmes, et surtout à une perception du mépris de la loi par certains et du retour de l'anarchie dans les rues.

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Le NYPD a vu une augmentation de 15% des plaintes concernant le graffiti depuis le début de l'année. En 2013 il y a eu 4639 plaintes, en 2014 il y en a eu 4911 selon les dernières statistiques du département.

De même le nombre de suspects arrêtés en rapport avec le graffiti a augmenté de 11% passant de 692 l'année dernière à 771 depuis début 2014.

Un autre suspect âgé de 30 ans, Michael Mestric alias Aoe a été arrêté en Avril 2014 pour avoir fait des graffitis sur des arbres et des bornes d'incendie dans plusieurs quartiers. Il est poursuivi pour 30 chefs d'accusation liés au graffiti et 40 chefs d'accusation criminels.

Comme Podsialdo, Michael Mestric risque 4 ans de prison ferme à l'issue de son procès.

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Free Boris!

L'arrestation de Boris From Bulgaria et de ses acolytes ce Lundi 5 Mai 2014 a fait grand bruit dans le petit monde du graffiti, et tout le monde semble avoir son opinion sur le sujet, des plus réacs (« les hipsters au trou ») ou réalistes (« qui sème le vent… ») aux plus libertaires (« free boris! »). Sans oublier l'extrême sens de la dérision qui fait le fort de Boris, comme dans cette annonce parodique d'un faux épisode de sa fameuse série de films Grifters Code, réalisé il y a quelques jours par un de ses fans :

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Avec un  train de retard (jour férié oblige), France 2 s'est fendu de son sempiternel reportage graffiti ce 8 Mai, sur le schéma habituel : les tags c'est bête et méchant > micro-trottoir plaintif > c'est-nous-qu'on-paye > confession d'un repenti inconnu, avec en conclusion l'éternelle comparaison coût du graffiti = 2 rames de tramways neuves (on a échappé à l'équivalent en nombre de crèches cette fois-ci). Nous vous laissons apprécier ce chef d'œuvre de journalisme….

Pour ceux qui veulent s'amuser à comparer en mode Le Petit Journal, on remarque d'ailleurs qu'il s'agit quasiment du même reportage que nous servait David Pujadas pour le journal de 20h du 12 Septembre 2012. Pour un travail journalistique plus qualitatif, le blog Konbini a écrit un bon article sur le phénomène Boris. Dans tous les cas, il est clair que Boris a bousculé les codes du graffiti et ne laisse personne indifférent. En attendant, ce n'est que de la peinture…

Crédit photo Steal a car and chase the cops : EYC Magazine

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Milan: Assaut du métro en mode far west

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A Milan en Italie, la répression du graffiti a franchi une étape supplémentaire suite à une action sur métro qui a mal tourné. Il faut dire que les palancas, ces actions coups de poing qui consistent à bloquer une rame en circulation pour la peindre, finissent souvent en bagarre générale et ont tout pour attirer les foudres des autorités. Le 20 Avril 2013, tard dans la soirée à l'arrêt Villa Fiorita sur la ligne verte du métro, un groupe de writers a ainsi semé la panique en tentant de peindre à quai, comme l'explique cet article en Italien du Courrier de Milan, que nous avons traduit.

Dans une vidéo filmée à la GoPro confisquée par la suite, on voit les writers tirer le système d'alarme dans différents wagons avant de s'attaquer à la rame, bombe de peinture à la main :

Les voyageurs semblent stupéfaits, saisis par la peur. Alors que le chauffeur du train se rend dans les wagons pour débloquer la rame, une altercation a lieu avec un des writers, la scène est confuse, mais on distingue clairement deux individus s'en prendre au fonctionnaire en service à coups de peinture dans la figure. Le commando prend ensuite la fuite par les voies.

La police de Milan dispose d'une cellule anti-graffiti dirigée depuis 10 ans par le commandant Tullio Mastrangelo. Lors d'une perquisition chez un writer de 24 ans, la police tombe par hasard sur la vidéo de l'action tournée à la GoPro. Stupéfaits par la violence de l'action, les forces de l'ordre décident d'enquêter.

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Ils savent que les writers profitent d'un moment d'inattention et d'une surveillance défaillante pour peindre dans différents dépôts. Mais ce type d'action reste exceptionnel, plus de danger, plus d'adrénaline et par conséquence des infractions qui dépassent largement le cadre du graffiti : violence en réunion sur un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions, interruption du trafic…

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Cette enquête a conduit à l'arrestation de 17 personnes dans toute l'Italie à Milan, Turin, Gênes, Monza, Rome et Lecce. Parmi ces 17 personnes, 2 sont mineures et on trouve aussi bien des Italiens que des étrangers. Le crew OTV est identifié et rapidement mis en cause pour cette action.

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L'enquête, avec l'appui des procureurs de Milan, concerne 3 actions dans le métro de Milan et met en cause près de 40 suspects. Le procureur général, Edmondo Bruti Liberati a déclaré :

« Nous sommes confrontés à une situation dangereuse. »

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Le procureur Elio Ramondini ajoute :

« La collaboration avec la municipalité est cruciale, car la stratégie ne peut pas être seulement répressive. »

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Un point sur lequel insiste Anna Maria Fiorillo, avocat pour mineurs :

« Ils n'ont absolument pas conscience que ces actions sont caractéristiques d'un comportement antisocial. Ces mineurs ont besoin d'une réponse éducative. »

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« L'équilibre est fragile. Il faut faire attention, le graffiti se transforme en délinquance en bandes organisées. »
-Fabiola Minoletti, Organisation anti-graffiti

Le conseiller de la stratégie pour la sécurité Marco Granelli conclut :

« Les actions qui visent à décorer Milan doivent être encouragées, mais ceux qui salissent et se comportent violemment doivent être punis, la distinction doit être très claire. »

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Paris: Boris en prison

Cela faisait un moment que Boris narguait la police et la RATP, se mettant volontiers en scène à visage découvert dans ses multiples vidéos. La Brigade Anti Tags de Paris aurait-elle décidé de lui faire regretter son fameux slogan Freedom is not defined by safety ? Voici l'article paru dans Le Parisien ce Mardi 6 Mai 2014.

Ils avaient pris le risque de poster des vidéos de leurs exploits sur internet. Trois hommes, soupçonnés d'avoir tagué et dégradé de nombreuses rames de métro et RER en région parisienne pendant des mois, ont été arrêtés lundi.

Placés en garde à vue dans les locaux de la sûreté régionale des transports de la police d'agglomération parisienne, ils sont accusés d'avoir dégradé pour près de 200 000 euros de rames appartenant à la RATP et à la SNCF.

L'affaire a débuté lorsque la RATP a porté plainte en décembre 2013. Ses agents ont remarqué sur YouTube une vidéo où des taggeurs, masqués, dansaient devant des rames du métro parisien en revendiquant leurs gestes.

Les enquêteurs ont ensuite découvert d'autres vidéos dans lesquelles deux personnages récurrents apparaissaient, dont l'un surnommé «Boris». Un Bulgare de 25 ans connu des services de police pour d'autres affaires de tags, de dégradations et de port d'armes. Une femme apparaissait aussi régulièrement à leurs côtés. Elle est surnommée «Theme X».

Plus corsé encore, le diffuseur de ces vidéos se faisait appeler «Jacques Mesrine», nom de l'ex-ennemi public numéro 1 tué par la police en novembre 1979 à Paris. Un troisième homme a été identifié par les enquêteurs qui, en filant notamment la jeune femme, sont parvenus à «loger» les trois personnages principaux à Paris, selon cette source policière.

Les trois hommes ont été arrêtés lundi matin pour «association de malfaiteurs» et «dégradations volontaires en réunion». Lors des perquisitions, les enquêteurs ont découvert 400 bombes de peinture et d'autres vidéos de scènes de tags.

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Pour connaître un peu mieux le parcours de Boris, celui-ci est l'invité d'EYC n°3, dont il signe la couverture. Le magazine est disponible ici.