writer's bench

Paris-Shanghai: Interview Dezio

Source Synesthesia a interviewé Dezio, un writer français installé en Chine à Shanghai. En voici quelques extraits traduits.

« J'étais un enfant solitaire. A ce moment là, je suis revenu dans mon pays d'origine et je ne connaissais personne. Je ne parlais pas vraiment français, ce qui m'a rapidement exclu du cercle des autres enfants. Je détestais mon école et ceux qui la fréquentaient. Je n'avais pas de bons résultats et je passais tout mon temps à dessiner sur tout ce que je trouvais. Je n'avais pas encore vu de graffiti avant de débarquer à Paris, ce fut un grand choc, tout était éclaté. Je me demandais comment/pourquoi/qui. Je ne connaissais personne mais j'ai décidé de m'y mettre. Ça m'a pris 2 ans avant de rencontrer des vrais writers. Internet n'existait pas et j'ai dû tout apprendre par moi-même : comment trouver les spots, trouver de la peinture, quoi écrire, comment faire des lettres… »

« Ça m'a pris du temps de trouver mon alias Dezi one, mais comme ça existait déjà et j'ai dû encore changer de nom. Une nuit je me suis fait courser alors que je faisais un tag dans la rue. J'ai eu juste le temps de tracer mon O. J'ai réussi à m'en sortir, quand je suis repassé devant j'ai remarqué qu'on lisait Dezio. J'ai flashé sur ce nom et depuis je l'ai gardé. »

« Il y a pas mal de writers à Shanghai : la moitié sont des locaux, l'autre moitié des étrangers. Les étrangers sont responsables du bombing et les locaux peignent de beaux murs. Il y a des exceptions mais c'est plus ou moins ça. La ville est nettoyée très vite, les tags et les throw ups sont buffés dans la journée depuis que la ville loue les services d'une armée de travailleurs migrants payés à repeindre les murs. Il y a un hall of fame à MoGanShan rd. C'est tranquille pour peindre. La plupart des autres spots sont cachés dans les petites rues, on peut aussi trouver des usines abandonnées. »

« A partir du moment ou je ne perds pas ma créativité, je peux peindre des murs concept ou assortir mes couleurs avec celles de mes partenaires. Si j'ai une nouvelle idée qui surgit alors que je suis en train de peindre, je veux pouvoir le dire aux autres et changer nos plans. Je ne me considère pas comme un imprimeur et je déteste penser que le graffiti est un boulot, c'est au-dessus du reste, quelque chose que je fais pour moi sans avoir à me soucier de l'avis des autres. Si je m'amuse en peignant quelque chose de plus ou moins complexe, c'est tout ce qui compte, si ce n'est pas le cas, j'abandonne (mais ça ne veut pas dire que je ne finis pas mes pièces). »

« Les gens se plaignent de la manière dont Internet a tué le graffiti, mais je pense que c'était la même chose avant l'ère des magazines, et même avant que Chalfant ne publie Subway Art. Les graffiti a subi des modifications dramatiques en raison de sa médiatisation en concentrant notre attention uniquement sur certains writers ou certains styles, en imposant des règles qui n'existaient pas auparavant. Quoiqu'il en soit, il émerge du bon et du mauvais de chaque nouvelle scène. »

L'interview est à lire en anglais dans son intégralité ici.