Pour cette rentrée 2014, Monoprix propose désormais dans tous ses magasins une collection capsule en collaboration avec trois graffeurs parisiens : Nasty, Pro176 et Tanc.
A cette occasion, ces artistes se sont attaqués à la mode femme, homme, enfant et aux articles de maison. Baptisée Street-Art pour Monoprix, la collection comprend des t-shirts, culottes, chaussures, pochettes, et même des torchons ou des maniques. Pour les amateurs du genre, c'est une occasion unique de s'offrir à petits prix des objets customisés par des artistes qui font carrière en galerie.
Rien de vraiment nouveau sous le soleil donc, puisque les marques nous ont déjà habitué à de grandes collaborations avec différents artistes issus du graffiti. Honet a réalisé une collection capsule avec Lacoste, Kongo avec Hermès et plus récemment 2Shy, Ilk, Pablo Cots et Tyrsa ont participé au projet Axe Peace en collaboration avec la marque de streetwear Wrung, pour ne citer que quelques exemples.
Pourtant cette fois, beaucoup semblent plus offusqués que d'habitude par cette collaboration. Street Rules n'hésite pas à titrer La dégueulasserie du jour: Le street-art chez Monoprix.
« Cette dégueulasserie allait passer tranquille sans que personne ne réagisse. Je ne trouvais rien pour contrer cette merde. Parce qu'en parler juste pour l'annoncer, c'est du buzz à unique intéressé. Il fallait quelque chose de plus fort, quelqu'un à mettre sur le devant face à cette farce géante. »
Konbini en rajoute une couche en s'étonnant d'une utilisation mercantile du street art :
« Ici, c'est toute la machine du groupe Casino, leader sur le marché des commerces de proximité, qui se met en branle pour proposer une ligne déconnectée de son terreau premier (ce n'est pas la première fois), dans des lieux de distribution grand public, pour des produits domestiques destinés à une cible toute autre. Et non pas pour présenter le street art, mais pour en faire une marchandise. Ça, on en est sûr. »
Serait-il plus suspicieux de travailler avec la grande distribution qu'avec des marques de luxe ?
Cette critique d'une supposée récupération n'est pas si récente qu'il n'y parait. On peut évoquer Keith Haring dans les années 80, qui a été un des premiers à proposer des produits dérivés à prix abordables dans ses Pop Shops, une démarche déjà très controversée à l'époque dans le milieu de l'art.
Tempête dans un verre d'eau donc ? Martin Parker lui a choisi de réagir avec humour, proposant une critique acerbe et rigolote de l'évènement passant avec quelques détournements d'affiches très réussis :
On attend aussi, bien sûr, la réaction de l'incontournable Kidult. Notre justicier des temps modernes, armé de son extincteur à peinture, va-t-il s'attaquer avec véhémence à toutes les vitrines des Monoprix de France ?
En tout cas, belle ironie de l'histoire, puisque sans le savoir, les Monoprix avaient grandement sponsorisé le graffiti parisien dans les années 90, grâce aux fameuses bombes Krylon étiquetées Sipratic, laissées quasiment en libre service dans leur magasins…
Photos : Mes vitrines, Street Rules