Graffiti Vice présente 1 chrome 1 noire 10 minutes une série de vidéos simulant les conditions de réalisation d'un chrome illégal dans la rue, par différents writers français.
Ce 6ème épisode est un clash qui oppose Modem et Djuk qui doivent réaliser un lettrage flow en moins de 10 minutes.
Toujours dans la continuité de proposer un moment artistique fort et éphémère, l'exposition se déroulera cette année sur deux lieux abandonnés inédits :
Une véritable galerie d'art prendra place dans l'immense Frigo où s'est déroulé la première édition de l'exposition Mister Freeze en 2013, dans lequel les espaces seront entièrement réaménagés pour accueillir les œuvres de la partie galerie de l'exposition.
Des installations artistiques prendront place dans un lieu désaffecté, dont l'architecture va à l'encontre du Frigo par sa force de caractère, et qui offrira un cadre hors du temps et inédit.
Le nouvel épisode de Mister Freeze « Night & Day » jouera sur ces deux facettes, le lumineux et le sombre, le jour et la nuit, l'atelier et la rue, afin de continuer à surprendre les visiteurs de part sa programmation artistique pointue et son choix de lieux innovants. En voyageant dans ces deux univers, c'est toute la diversité du Graffiti et du Street Art qui prendra sens pour rendre les murs plus bavards que jamais.
En attendant l'annonce officielle, voici le teaser réalisé par Big Addict :
On croyait que les marques de vêtements et autres commerces avaient déjà tout fait en matière de récupération du graffiti. Et bien non ! Pour sa dernière campagne publicitaire intitulée #Pasque, le service marketing de chez Citadium a probablement remarqué que les interventions récentes de Kidult contre des marques font autant de pub aux marques visées qu'à Kidult lui-même…
Du coup, l'enseigne innove en la matière et s'inspire de la méthode : deux ex-vandales, Dealyt TNI et Sari GT, sont ainsi commandités et rémunérés pour vandaliser les affiches de la marque dans les rues de Paris et dans l'enceinte de la RATP – le tout filmé pour en faire un joli spot publicitaire.A cette occasion, Bastien Landru a suivi les deux tagueurs pour Brain Magazine.
Quartier libre pour tout saccager !
Paris est la deuxième ville la plus taguée au monde derrière New-York. C'est un fait historique, depuis les terrains du quartier de Stalingrad-La Chapelle au début des années 90 aux trains de banlieues, sur les rideaux de fer de Barbès et jusqu'aux catacombes, partout où nous allons. L'ensemble de la ville située à moins d'un étage de hauteur est repeinte par des vandales. Et sans qu'on n'y fasse plus attention qu'aux putes. Des tagueurs, des graffeurs, des voyous. Ou des ex-voyous. Comme Sari et Dealyt. À quarante piges, Sari et Dealyt font partie de l'ancienne génération de graffeurs, celle des années Mitterrand-Chirac et de la tradition orale du graffiti (il fallait entendre parler d'un tag et se déplacer pour le voir). On parle d'une époque sans tuto, où les quelques fanzines comme Intox ou Zulu Letters qui faisaient office de bulletins d'information étaient diffusés sous le manteau. Mais Paris a changé. J'ai rendez-vous avec deux jeunes vieux graffeurs pour m'en rendre compte en vrai, peinture sur le mur faisant foi. 21h, j'attends. Quand arrive sur les Grands Boulevards un duo encapuchonné dans le street-wear ad hoc, bibine à la main ; il est clair qu'il s'agit bien de nos hommes.
« Par contre, tu ne prends pas en photo nos gueules. » -Sari
Il y a des règles qui ne changent pas. Des Grands Boulevards, nous crapahutons vers Châtelet à la recherche d'une surface. Il s'agit d'un coup de pub du magasin Citadium et de l'agence Les Gros Mots, qui emploie plusieurs artistes à saccager toutes leurs affiches en une nuit.
« On va commencer par un peu de throw ups, Tu vois, c'est une technique des States pour faire amplement et rapidement du gros lettrage en forme de bulles. » -Dealyt
Quand nous stoppons en face du Théâtre du Gymnase, je vois les mines goguenardes des deux tagueurs tout-sourire, face à 6 bons mètres carrés de terrain de jeux. Ceux qui n'ont jamais pratiqué ce genre de délinquance imaginent mal la rapidité de l'acte. Quinze secondes à penser au motif, quinze autres pour sortir une bombe, et une minute de quartier libre pour tout saloper. Bombe armée, marqueur ouvert. Le temps s'accélère, il fait frais dans l'air. Et pendant que les secondes tombent, chaque passant peut nous voir, eux salir, moi photographier les murs de la ville la plus belle du monde, mais – excitation – l'attention est totalement portée sur ce son : le chuintement d'une bombe aérosol qui se répand. Sari enlève son gant.
« D'habitude, ça va encore plus vite. Un camion, tu restes 5 ou 10 minutes grand maximum, tu te barres parce que le proprio maraîcher peut descendre avec son cousin pour te faire les dents. » -Sari
Le monde (ne) vous regarde (pas)
Le Paris peint, les métros, les fresques hors-normes : tout a changé depuis leurs premiers blazes.
« Quand on faisait un train, ça pouvait rester des mois ! Tu pouvais voir ton wagon passer plusieurs fois, et tu prenais ton pied à écouter la réaction des gens quand tes dessins entraient en gare. » -Sari
23h, le PSG vient de perdre 2-0 contre Chelsea et nous marchons vers Beaubourg, où une palissade de douze mètres nous attend le long de la rue de Turbigo. Sari et Dealyt la défoncent dans toute sa longueur. Un festival de couleurs. J'esquive les voitures pour shooter. Quelques klaxons tentent bien de freiner nos ardeurs mais, rien à faire, Paris prend sa faciale. Dealyt se souvient du quartier, période début-de-la-fin-du-free-tag :
« Il s'est mis à y avoir beaucoup de caméras ici. Un soir, on faisait une cheminée blanche autour de Beaubourg avec deux potes, quand trois flics nous chopent. Ils étaient bizarrement violents pour du tag, et décident de nous emmener au poste. Et là, il n'y avait aucune bonne vidéo de nous ! Qu'est ce qu'on s'est foutus de leur gueule ! »
Plus loin, nous passons devant un kiosque recouvert d'un grand Sari peint en blanc :
« Celui-là, il date d'il y a un an ; c'est long pour un tag, mais ce kiosque ferme tard, aussi. Sur la petite ceinture, j'ai un tag qui date de 1994 ! » -Sari
La RATP ne laisse plus passer un seul spray. La rue est enregistrée. Et pourtant, quand Dealyt pose un épais The Next Invasion au nez d'une passante sexagénaire Place de la Bastille, il n'y a aucun malaise.
« Ha bon, vous travaillez ? »
demande la vieille dame, sans étonnement. Plus loin, des skateurs ralentiront pour regarder sécher. Nous sommes là où, il y a 20 ans, Sari et le crew TEH se donnaient rendez-vous le jeudi à 18h pour faire du vandale.
« Tu vois qu'aujourd'hui à Paris, des gens sont habitués. Parfois ils aiment même le graffiti. »
Bizarre. Dans une société qui laisse l'art du graffiti le cul entre deux chaises (le musée ou la cellule de dégrisement) mais qui reconnaît entièrement qu'il s'agit d'une performance (réussir sa connerie), difficile de faire la différence entre le bien et le mal.
« Dans les années 90, il y avait même un vieux flic en pré-retraite qui a fait sa propre brigade anti-tags, composée essentiellement de flics en civils. Et ce vieux policier était fan de graffiti ! Il a même dit à un copain j'adore ce que tu fais ! » -Dealyt
Plus tard, quand les derniers métros nous emmènent en bas des tours de la Place d'Italie, l'ambiance est moins cosy, et les peintres doivent agir entre deux sirènes de police. Il est tard. Les derniers chalands sur notre route profitent de la largeur des trottoirs pour ne pas trop s'approcher. C'est à la frontière de ces nouveaux buildings que nous nous séparerons.
En 90, quand Dealyt revient de New York, il importe à Paris le crew TNI (The Next Invasion) que rejoindra ensuite Sari. Ils seront les premiers à faire du graffiti et non du simple tag sur les métros et dans la rue.
« C'était la seconde génération de graffeurs à vraiment faire le boulot. »
Aujourd'hui, même s'ils se sont un peu calmés, Dea et Sari peignent encore très vite. Je les ai suivis tardivement un soir de printemps, sur les murs de Paris que je vois différemment.
La vidéo dans laquelle on trouve aussi des séquences en compagnie de Gebonz, Golf, Nosé, Dire et Accuz :
Le chef de file du Vlaams Belang Filp Dewinter va déposer plainte contre X pour un graffiti sur un train de la SNCB. Ce graffiti tourne en dérision la campagne électorale du parti d'extrême droite belge. Ce graffiti aurait été réalisé par le groupe NAWAS.
« Je vais déposer plainte contre X pour vandalisme. Il s'agit d'une dégradation de biens publics, c'est quelque chose qui ne se fait pas. Par ailleurs, je trouve cela carrément insultant pour nous et pour notre campagne. Il faut que ce soit clair, je n'ai rien à voir avec ça ».
-Filip Dewinter
Appliquée à New York par le maire Rudolph Giuliani il y a quelques années, la théorie de la vitre brisée s'applique désormais à Chicago. Cette théorie soutient que les dégradations (comme le graffiti) de l'espace public provoquent un état de délabrement général et un sentiment d'insécurité. Une politique de tolérance zéro vise désormais les parents de mineurs mis en cause dans des faits de dégradations. Quelques extraits traduits d'un article de Beth Greenfield qui en dit un peu plus.
« De nombreuses initiatives dans le pays rendent désormais les parents responsables des délits de leurs enfants mineurs, du vol à l'étalage à la conduite en état d'ivresse en passant par le graffiti. Lassé de devoir payer 1 million de $ chaque année pour lutter contre le vandalisme, la CTA (équivalent de la RATP à Chicago) a décidé de frapper fort : faire en sorte que les parents des délinquants payent intégralement les frais de nettoyage, de mise hors-service des rames, et de justice. »
« Cette semaine, la CTA a déjà déposé quatre poursuites totalisant 13109$ contre les parents ou les tuteurs légaux de huit mineurs. »
« La répression mise en place à Chicago est la dernière utilisation spécifique des lois de responsabilité parentale générales, qui existent dans presque tous les états à travers le pays. Mais Gary Wickert, un avocat du Wisconsin, spécialiste de la subrogation, estime que la position de la CTA est unique. La plupart des gens ne sont pas à l'aise avec l'idée que quelqu'un peut être tenu pour responsable des actions d'un autre sans avoir causé eux-mêmes les dommages. »
Mais pour l'instant, à Chicago, les fonctionnaires se concentrent sur la réalité financière de la situation. Tammy Chase, porte-parole de la CTA, a déclaré au Chicago Tribune :
« Contrairement au tribunal criminel, où les juges décident d'ordonner la restitution, les poursuites civiles nous permettent de récupérer tous les coûts liés à la dégradation. »
L'article est à lire intégralement en anglais ici.