Earsnot est un des writers qui a changé le visage de New York après les attentats du 11 Septembre 2001. Avec son crew IRAK (I rack : je vole en slang) et en compagnie de Dash Snow alias Sacer, il représente LE street bombing new-yorkais avec tout le folklore qui l'accompagne : usage de drogues dures, vols à l'étalage et graffiti 100% illégal.
Hugo Vitrani s'est entretenu avec ce writer emblématique qui n'a vraiment pas la langue dans sa poche et qui n'hésite pas à remettre certaines pendules à l'heure :
« Le graffiti est un signe des maux de nos sociétés. C'est un art illégal, un art inarticulé, avec des signatures, des couleurs, ça vient des tripes comme du vomi. C'est un style ignorant. Quand j'ai commencé le graffiti, je ne voulais pas de sécurité sociale, pas de carte d'identité. Aujourd'hui j'aurais été le genre à manifester contre Wall Street. Mais à l'époque il ne s'agissait pas de cela. Je m'étais enfui de chez moi, je voulais vivre sur les toits, voler ma nourriture… Je ne voulais pas tout détruire, je voulais juste vivre par moi-même dans New York, ne pas suivre les règles. J'écrivais mon nom avec une typo super simple, genre Helvetica, pour que tout le monde puisse le lire : je ne voulais pas m'adresser qu'aux autres graffeurs. »
« On voulait montrer ce qui n'était pas beau. À l'époque, tout le monde présentait des belles pièces, ça nous faisait chier. On voulait juste être mauvais, te forcer à regarder la poubelle. Maintenant dans le milieu de l'art, ils aiment tous les poubelles, ils en veulent partout. Ils n'ont pas compris que ce n'est pas juste la poubelle, mais que ça peut être aussi tout ce qu'il y a autour. »
L'entretien vidéo sous-titré en français :