Décidément, la justice belge a du mal à digérer l'affaire du Idea Hot peint sur le toit du palais de justice de Bruxelles. Le juge en charge de l'affaire a retenu des circonstances aggravantes, ce qui a conduit à l'incarcération immédiate d'un homme de 25 ans soupçonné d'être l'auteur des faits. La suite de l'affaire par La Libre.
Selon le parquet, les tags feraient peur à l'opinion.
Selon divers juristes rencontrés mardi, le maintien en détention, décidé par la chambre du conseil de Bruxelles, d'un architecte de 25 ans soupçonné d'être l'auteur du graffiti géant apparu sur la coupole du palais de justice de Bruxelles, en juin 2012, est une mesure disproportionnée.
Un avocat pénaliste parle de détournement de la détention préventive, un autre critique les arguments développés par le ministère public (qui a parlé de la peur qu'inspireraient les tags à l'opinion publique) pour s'opposer à la libération du suspect, lequel, indique son conseil, reconnaît être un taggeur mais nie avoir quoi que ce soit à voir avec le graffiti du palais de la place Poelaert.
Pour rappel, ce graffiti, d'une dizaine de mètres de long et de trois mètres de haut, sur lequel on pouvait lire Idea Hot, avait été réalisé dans la nuit du 26 au 27 juin 2012. La police, n'ayant constaté aucune trace d'effraction, a toujours supposé que son ou ses auteurs avaient accédé à la coupole via les échafaudages qui ceinturaient le palais de justice.
La cellule anti-graffitis de la police locale de Bruxelles a fini par identifier deux suspects: un Belge, Denis B., et un Français, Rémy M., tous deux âgés de 25 ans. La semaine passée, les enquêteurs ont interpellé Denis B. à son domicile ixellois, où la police aurait trouvé des croquis compromettants et de la peinture. Rémy M. serait rentré en France.
Denis B. a été inculpé de destruction d'édifice public et risque entre un et quinze ans de prison. Selon les juristes approchés mardi, le fait de dessiner des graffitis sans autorisation constitue pourtant une infraction pénale en tant que telle, punie de six mois de prison maximum.
Si elle avait été retenue, le juge d'instruction n'aurait pas pu délivrer de mandat d'arrêt. La prévention de destruction d'édifice public permet, au contraire, d'en décerner un. Ce qui a été fait.
Parce que le suspect ne voulait pas indiquer où se trouvait sa voiture achetée, selon lui, plusieurs semaines après les faits et d'ailleurs retrouvée depuis lors ?
Toujours est-il que le mandat a été confirmé par la chambre du conseil, devant qui la défense a plaidé, en vain, l'erreur de qualification, le parquet défendant l'idée que la sécurité publique avait été menacée.
Appel a été interjeté et la chambre des mises en accusation devra trancher. En attendant, certains s'étonnent que des agresseurs de vieilles dames soient souvent remis en liberté alors qu'un taggeur présumé est mis derrière les barreaux comme un dangereux criminel. Paierait-il le brin d'arrogance dont il aurait fait preuve en face des policiers et du magistrat instructeur ?
Un magistrat qui s'est, par le passé, signalé par quelques coups d'éclat retentissants. En février 2011, le juge Coumans avait provoqué le débat en refusant, dès lors qu'il ne possédait pas de voiture, de se rendre à la prison de Saint-Gilles pour interroger un suspect qui, du coup, avait dû être libéré.
Et en 2000, il avait repeint lui même, et à ses frais, son nouveau bureau. Histoire de montrer que les juges d'instruction bruxellois manquaient de moyens. Au début de cette année, en oubliant de faire procéder à un devoir d'enquête, il avait, bien malgré lui, entraîné la décision de la chambre du conseil de libérer un malfrat placé en détention préventive pour vol avec violence.