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Interview Songe VAL DSK

L'équipe de Bombing Science s'est entretenue avec Songe VAL DSK, un graffeur de la région parisienne. En voici quelques extraits :

« Quand je suis rentré DSK, Shike et Legz m'ont pas mal boosté à approfondir mon travail de lettre. Et à me jeter des pierres lorsque je faisais mal mon boulot. Je dessine beaucoup avant d'aller devant un mur surtout les lettres. Je pars du tag, c'est mon échauffement, je noircis 3 ou quatre feuilles et quand mon poignet est bien souple, que j'ai trouvé le flow et l'enchainement qui me plait, je grossis les traits, travaille mes courbes, les formes et contreformes et la dynamique de l'ensemble. Ça peut prendre plusieurs heures. Parfois 2 jours juste pour mon sketch. Ca m'évite de trop me répéter et de vraiment approfondir chaque ligne qui compose mon nom. »

« Mon premier contact avec le graffiti était à l'école en 1989. Mon voisin gribouillait des signes incompréhensibles sur une feuille, cela a attiré ma curiosité. On aurait dit un code secret. Je lui ai demandé qu'il m'explique, et le graffiti est entré dans ma vie. J'ai fait le rapprochement avec ce que je voyais sur les murs et c'était parti. »

« A Paris, on a toujours eu une scène tag très importante, avec des kings comme Boxer, Click, Colorz et plus récemment O'Clock. Côté graff, on est longtemps resté sur une base de lettrages classiques importés de la scène new-yorkaise, et puis il y a toujours eu des électrons libres comme Lokiss, Popay, Nassio ou Honet qui ont poussé certains graffeurs à prendre des directions différentes. La mentalité aussi est particulière, la compétition est très importante et se transforme souvent en guérilla urbaine. »

« Disons qu'avant, pour voir des peintures, soit tu te déplaçais soit tu pouvais voir des murs dans les magazines et les livres. En plus des bibles comme Subway Art et Spraycan Art, en France, on eu la chance d'avoir pas mal de publications. Il y a eu les premiers fanzines : Intox, 400 ml, Xplicit Grafx, Graff It. Et des publications dans les magazine hip hop comme Radical, The Source, Get busy. Coté livres Paris Tonkar, Kapital. J'ai toujours été curieux de voir ce qui ce passe, alors à l'époque, les publications, je les attendais. Puis internet est arrivé. Il y a eu une première vague avec les sites perso, puis pas mal d'activités sur les forums enfin plus récemment, les derniers supports comme Blogger, Flickr, Tumblr. »

« Quand je peignais des trains, je me souviens d'une scène qui m'a marqué. A l'époque on avait pour habitude de vider nos bombes dans le dépôt et de les laisser dans un des wagons. Comme ça on repartait les mains vides et on ne laissait pas d'indices. On avait peint en matinée, tout s'était bien passé, et je me rappelle un de mes acolytes qui met les bombes vides dans le train juste derrière les portes, d'un geste machinal il les laisse debout. Le lendemain soir vers 18h, j'attends le train à la gare. J'avais peint sur les portes. Mon panel arrive. Je prends mes photos à quai, les portes s'ouvrent, et sidéré, je vois les bombes de peinture toujours debout et les gens apeurés qui contournent l'amas de bombes en descendant du train, prenant garde de ne pas les renverser. Ça m'a fait tellement rigoler que j'ai pas eu le réflexe de prendre une photo de la scène. »

L'intégralité de l'interview est à lire ici.

Source photos : Startape

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Vintage TV: Paris Graffiti 80′s / 90′s

Dès sa sortie au printemps 2011, le livre Descente interdite a été unanimement accueilli par les aficionados du métro comme par les médias, même grands-publics.

Depuis, l'auteur Karim Boukercha balance sur le net quelques pépites vidéos issues des archives de la télévision française, qui découvre le phénomène du graffiti vers la fin des années 80, tantôt avec dégoût, mais aussi parfois avec passion ou curiosité. En voici une petite sélection.

Le premier extrait provient du journal télévisé de FR3 Ile-De-France, diffusé en Mars 1989, avec la participation de Bost, Spark, Mozent notamment. Il illustre bien le second chapitre du livre (La grande époque, p.52 à 153) avec d'un coté des taggueurs qui se sont « professionnalisés », et de l'autre la RATP qui promet d'éradiquer le mouvement dans les deux ans qui suivent.

Le second est tiré de l'émission C'est Pas Juste !, toujours sur FR3 et diffusé en Décembre 1989. Petite présentation de Brus aka Soner TKS, 13 ans… un extrait « mignon tout plein » !

Nous vous avions déjà présenté le 3ème extrait sur notre page Facebook, le revoici pour le plaisir. Dans son émission Ainsi Font, Font, Font du 9 Janvier 1992, Jacques Martin parodie le graffiti et nous offre une bonne tranche de beauf digne de l'époque. Le voici donc poussant la chansonnette dans ce sketch intitulé une bonne couche.

Le livre Descente Interdite coûte 39€ et est en vente ici sur Allcity.fr, et dans tous les All City Stores de France.

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St-Pierre-des-Corps: la clinique du RER

Frédéric Potet anime un blog sur le site du Monde. Il s'est intéressé cette semaine au Technicentre de la SNCF à Saint-Pierre-des-Corps qui remet en état les rames RER et trains de banlieue de la région parisienne. En voici quelques extraits :

« Graffitis, tags, rayures, lacérations, arrachages. Qu'on se rassure : la ville de Saint-Pierre-des-Corps n'est pas devenue subitement un haut-lieu en matière de vandalisme. Mais si l'on veut en apprendre un peu sur le sujet, on ne conseillera que trop de visiter le Technicentre de la SNCF, poumon industriel de la petite cité cheminote de l'agglomération tourangelle. Gigantesque atelier de 15 hectares où travaillent plus d'un millier de personnes, ce centre de maintenance et d'ingénierie a notamment pour activité la remise en état de trains endommagés circulant en région parisienne. Une trentaine de rames – RER et trains de banlieue – viennent chaque année se refaire une santé ici. Leur état en arrivant témoigne autant de l'acharnement que de l'imagination de ceux qui s'adonnent à ces dégradations. Eradiquer le fléau est sans doute impossible. Le restreindre est l'objectif des équipes affectées à cette mission de chirurgie ferroviaire. Petit tour d'horizon des dégâts commis. Et des parades trouvées. »

« La virulence des aérosols utilisés par les taggueurs est telle qu'il est souvent impossible de faire disparaître complètement leurs réalisations : de plus en plus souvent, un spectre de peinture reste visible après le nettoyage. La riposte existe : elle s'appelle le pelliculage et consiste à poser des films plastique sur les parois stratifiées, les vitres et sur certaines parties peintes de l'extérieur. L'opération de remise en état n'en sera que plus facile : il suffira de retirer le pelliculage barbouillé et de le remplacer par un autre. Afin de dissuader les bombeurs, des films décorés de motifs – feuilles d'arbre, courbes sinusoïdales… – sont désormais collés sur les plafonds des voitures ou sur certains vitrages intérieurs. C'est la stratégie de l'arroseur arrosé : un taggueur aura théoriquement plus de difficulté à commettre son forfait sur une surface déjà ornementée que sur un aplat de couleur. Imparable ? Pas tout à fait cependant. Pour qu'il puisse être enlevé et changé par les techniciens de la SNCF, un film doit dépasser légèrement de la surface où il a été posé –1 mm dans le recoin d'une vitre par exemple. Certains taggueurs le savent, tirent sur l'amorce et exécutent leur travail comme si de rien n'était. »

« Cela fait longtemps que les verres feuilletés de sécurité ont cédé sous les coups d'outils toujours plus performants : poinçons, roulettes ou encore petites meules portatives, précise Christelle Romeo, la responsable de l'unité fenêtre du Technicentre. »

« Les bombeurs aguerris savent qu'au Technicentre de Saint-Pierre-des-Corps des rames sont entièrement ripolinées avant d'être entreposées sur les voies extérieures. Sauter par-dessus le grillage est alors un jeu d'enfant. Il y a quelques mois, une équipe de taggueurs – visiblement venue d'Espagne, croit-on savoir – s'est en donnée à cœur joie. Les rames repeintes sont désormais planquées, à quelques kilomètres de là. »

L'article est à lire dans son intégralité ici.