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Interview Kidult

Pour Highsnobiety, Guillaume Le Goff a interviewé Kidult, le writer et roi du buzz sur internet, connu pour ses attaques à l'extincteur des vitrines de différentes marques de luxe de Paris à New York. En voici quelques extraits :

Qui se cache derrière Kidult ?
« Un vandale, un tagueur, un writer. Si un jour le graffiti est considéré comme un art alors je serais aussi un artiste. »

« Je n'ai jamais eu aucun plan. J'agis dans l'instant, et c'est une vérité qui n'est pas énoncée, alors je la hurle et je l'écris sur les vitrines des magasins [...] si ces marques aiment vraiment le graffiti,  alors je leur donne juste ce qu'elles aiment que ce soit joli ou moche. Nous allons récupérer une culture qui nous appartient. »

« Si je dois relayer un message par une vidéo ou une interview, je préfère le faire moi même pour éviter toute confusion. C'est ce qui s'est produit avec le reportage vidéo. J'envoie un message qui a un but collectif en intellectualisant mon approche. Je cherche le meilleur moyen (internet, piratage, la rue…) pour être aussi efficace que possible en utilisant les technologies actuelles. »

« Si le graffiti devenait légal, j'arrêterais. »

Pourquoi penses-tu que le graffiti et le vandalisme ont perdu de leur pouvoir ?
« Je ne dis pas que le graffiti ou le vandalisme est mort mais je dénonce sa récupération par les grandes marques. Le graffiti est loin d'être mort, on peut le voir chaque jour dans les grandes villes du globe. C'est juste une guerre entre la rue et ces institutions qui se réclament d'une culture qui ne leur appartient pas. »

L'interview est à lire en intégralité en anglais ici.

Crédits Photos : Kidult par Léonard Bourgois Beaulieu, Paris 2011 | http://www.leonardbb.com

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World Piecebook

Après le succès des deux premiers volumes : Piecebook et Piecebook Reloaded, Sacha Jenkins et David Villorente récidivent avec World Piecebook. Cette fois-ci on ne se limite pas à New York et l'ouvrage, sous-titré Global Graffiti Drawings, se propose de vous faire découvrir les dessins et sketches d'artistes issus de la scène internationale.

Plus de 30 nationalités sont représentées à travers une sélection de graffeurs tous plus talentueux les uns que les autres : Daim, Loomit, MadC, Seval, Puppet, Zek, Virus, Dfek, Lust, Kongo, Scien, Klor, Mad Victor Crew, Jay Flow, Sirum, Linz, Lunar, Yas5, Nesm, Dare (RIP), Ezra, Peque, Shake, Baker, Sen 2, Ske, Bates, Great, Swet, Stan, Shok, Drax, Oker, Os Gemeos, Smart, Zeus40, Dreadr, Motel7, Cake, Katch, Dase, Shoe, Serch, Mickey, Amos, Jorz, Askew, And Chen, Stay, Heroe, Pez, Fat Heat, Mr. Zero et bien d'autres.

Pour ne pas déroger à ce qui est devenu maintenant une tradition, l'ouvrage est une édition luxueuse de 192 pages reproduisant à la perfection un authentique blackbook. Le livre est disponible ici sur Allcity.fr au prix de 28,45€ au lieu du prix officiel 29,95€, et bientôt dans tous les All City stores en France.

Quelques morceaux choisis :

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Graffiti en Tunisie

Pour les graffeurs tunisiens, les murs des villas des clans Ben Ali et Trabelsi incarnent un nouvel espace informel et idéal d'expression. Dans cet article, le Vif Focus suit  les pas d'une contre-culture en pleine expansion.

Les élections se préparent. La peine de Ben Ali vient de s'alourdir en années et en dinars. Les villas de son clan, on les croyait toutes désertées. Elles l'étaient. Jusqu'à ce qu'en ce début du mois de Juillet, sans convocation et sans frapper, huit intrus s'y invitent le temps d'une après-midi. Surprise. Mais sans fleurs ni bouteille de vin à la main. Seulement des bonbonnes de peinture. Parmi eux, Meen one et SK-one, deux graffeurs reconnus du milieu graff tunisien. Leur message esthétique et/ou politique s'est écrit sur les murs délaissés d'une villa d'un beau-frère de Ben Ali, à la bombe.

Répression et création

Verrouillée pendant trop longtemps, la configuration de l'espace public tunisien favorise l'émergence mais pas la diffusion de cultures jeunes et alternatives. En cause ? Une volonté dictatoriale de tout contrôler plus qu'un conservatisme religieux. Sans véritable scène culturelle active, comment lui trouver une alternative ? C'est pourtant ainsi que se définit et se positionne l'art du graffiti, et plus largement le hip hop: contre, ou au moins parallèlement à la culture dominante, établie. Le vent de la révolution décloisonne, décadenasse. Les esprits surtout. Car peut-être encore plus que la répression, la peur de la répression agissait comme un frein à tout élan créatif, individuel ou collectif.

Malgré la multiplication indéniable et indélébile de tags depuis la fin de ce fameux mois de Décembre 2010, l'histoire tunisienne du graffiti et de la contre-culture commence avant la révolution. Elle lui insuffle cependant une autre vie, plus visible, plus crédible, moins discrète, moins étouffée. Côté musique, une tradition de chanson poétique et militante est ancrée depuis quelques temps déjà. Cheikh Imam en est la figure la plus emblématique. Avec l'aide de son parolier Fouad Negm, il a par exemple chanté les révoltes des années 1960 et 1970, dénoncé despotismes et impérialismes.

Une jeune scène métal explose au cours des années 1990 particulièrement répressives. Sans être explicitement militante, cette scène exprime un certain malaise (adolescent?) sur des reprises ou des compositions chantées surtout en anglais. Au cours de la même décennie, l'esprit contestataire trouve une terre plus fertile mais restreinte dans le hip hop. D'abord dans les bidonvilles et les quartiers défavorisés de Tunis comme Kabbariyya, Jbel Jloud. C'est dix ans plus tard que l'un des pionniers du genre s'empare de ce qu'il peut pour graffer. D'abord chez lui dans la banlieue sud de Tunis, pour s'entraîner, vidéos et magazines (GraffIt ou Radikal) importés de France à l'appui. Il s'agit d'Hafedh, alias SK-one.

Des murs à la toile

En Tunisie, la scène fragile mais grandissante de graffiti s'institutionnalise rapidement comparée aux autres scènes européennes et nord-américaines: la galerie Arty Show dédie par exemple en octobre 2009 une exposition au graffiti tunisien. Ou encore, une semaine après le départ de Ben Ali, l'université de Carthage demande à SK-one de lui graffer un mur. Tremplin en termes de reconnaissance mais frein si l'on pense que pour survivre le graffiti a besoin de rester underground. L'indiscutable frein à l'épanouissement de ce mouvement est matériel : aucun graff-store dans le pays. Les graffeurs doivent se débrouiller pour importer des caps, et même des bombes, souvent chères pour leur niveau de vie et de mauvaise qualité. Qu'à cela ne tienne. La marque de référence Montana devrait bientôt étendre son monopole du matériel de graffiti jusqu'en Tunisie.

Vidéo réalisée à Tunis avec Sk-one et Meen one :

Quelques murs réalisés  en Tunisie :

Source photos et vidéo : Fatcap

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Hamad @ Abu Dhabi: Sandwriting

Le Sheikh Hamad Bin Hamdan Al Nahyan, membre de la famille royale d'Abu Dhabi, est connu pour ses excentricités : il possède notamment une flotte de 200 Mercedes 500 SEL, peintes aux couleurs de l'arc-en-ciel et garées dans un parking spécial construit en forme de pyramide… un homme de très bon goût donc.

Son nouveau petit caprice, tout aussi ridicule : il vient de faire graver son nom (réduit à Hamad) sur l'île Al Futaisi, une de ses îles privées, en lettres géantes visibles de l'espace – 1 km de large sur 3 km de long. La bagatelle de 22 millions de dollars a été dépensée pour la réalisation de cette fantaisie…

Si vous n'avez pas l'occasion d'aller dans l'espace d'ici peu, vous pourrez admirer cette œuvre de mégalomanie sur Google Maps… mais dommage pour le Sheikh, c'est écrit à l'envers ! Comme quoi riche et intelligent ne vont pas forcément de paire…

Source photo : Si1very