shows

Stesi @ Leclere, Marseille

Leclere, maison de ventes aux enchères à Marseille, organise une vente d'atelier de Stesi le 7 Juin 2011 à 18h00. Ses œuvres mises en vente seront visibles de 10h à 17h.

Quand Stesi débute dans le graffiti en 1997, c'est au throw up, dit flop, que va sa préférence. Ces lettres rondes rapidement exécutées, qu'il simplifie à l'extrême jusqu'à en faire une sorte de logo, lui permettent d'inscrire son nom sur un grand nombre de supports. Lassé de devoir sans cesse trouver de nouveaux murs parisiens laissés à l'abandon, il délaisse peu à peu le graffiti sauvage et son lot d'adrénaline pour se tourner vers la toile. L'artiste de rue trouve dans cette pratique plus traditionnelle l'opportunité de parfaire sa technique dans le domaine de l'abstrait. Il prend plaisir à travailler son style avec temps, calme et discipline, ainsi qu'à mêler bombes aérosol, acrylique, encre et marqueurs. Inspiré par de nombreux peintres dont Pollock , Dado , Kandinsky mais aussi par différents motifs de décorations qu'il trouve un peu partout (tapis , papiers peint etc. ) il mise sur la variété, offrant un large choix de style tout en restant sur une ligne homogène . Des freestyles organiques, géométriques ou mêlant les deux, saturé ou épuré, coloré, plus sobre, spontané ou calculé, figé ou non, au trait pointilleux ou grossier: aucune contrainte ni règle académique, ce qui offre un coté ludique à son travail . Aujourd'hui très prolifique, enchaînant tableaux et expos, il lui arrive encore, sur commande, de signer de son nom boutiques ou camions.

Leclere-Maison De Ventes
5 rue Vincent Courdouan
13006 Marseille
Plan d'accès ici

graff market

Innercity n°26

Innercity 26 donc… comme la suite 2608 dont il ne fallait pas sortir de la salle de bain, tout nu, à New York, pendant que la femme de ménage faisait la chambre (gaffe pendant les vacances !). Mais laissons Dominique à son bracelet électronique, sa caution, ses avocats, sa présomption d'innocence et son liquide séminal pour, une fois encore, saisir l'instantané trimestriel du world wide graffiti. MadC d'abord, la graffeuse-performeuse-auteure allemande à qui ce printemps semble avoir particulièrement réussi : production monumentale en solo, expo, livre… Ce n'est pas si souvent qu'une fille connait une telle fame dans le graffiti et à regarder sa production, et découvrir son caractère bien trempé, les plus sceptiques n'auront qu'à aller réviser leur Spraycan Art… Ensuite, place au français Brok qui s'apprête à fêter les 20 ans des 3HC. Un writer efficace aux styles variés qui a traversé avec talent deux décennies de graffiti et qui porte un regard aiguisé sur l'art du writing et ses évolutions. Retour aux antipodes avec Akobe et cette scène néo-zélandaise qui n'en finit pas de produire des météores lumineuses. Un style cru, propre et frais qui en met plein les yeux (lunettes de soleil de saison conseillées). Un focus sur Bomr le danois et le PAL crew disséminé entre Lyon et Paris, une solide bande de purs tagueurs. Enfin, une interview de Karim Boukercha, l'auteur du seul et unique livre à acheter avant de partir en vacances, Descente Interdite.

Innercity Squad

Le magazine est d'ores et déjà disponible ici sur Allcity.fr, et dès Lundi dans les kiosques à journaux en France. En voici une preview, également téléchargeable ici en fichier PDF.

writer's bench

Rancunière, la RATP?

Des milliers de photos de trains et métros tagués dorment sous scellés au tribunal de Versailles depuis dix ans. Saisies lors d'une enquête visant à arrêter les tagueurs illégaux du métro, elles sont aujourd'hui menacées de destruction par la justice.

C'est comme une punition qui ne dit pas son nom. Ancien graffeur, Karim Boukercha milite pour que ces documents soient versés aux Archives nationales. Il est soutenu par Costa Gavras, réalisateur et président de la Cinémathèque française :

« Ces documents racontent l'histoire du rap, l'histoire de Paris, mais aussi l'histoire de la peinture. Il serait absurde, voire grave qu'ils soient détruits. »

La RATP demande des centaines de milliers d'euros à 57 tagueurs

Dans cette affaire, 57 personnes sont accusées d'avoir dégradé trains et métros dans les années 2000. La SNCF et la RATP réclament des centaines de milliers d'euros de dommages et intérêts. Le jugement civil sera rendu le 21 juin. Le destin des scellés sera alors tranché. L'autorité judiciaire pourra décider de les confisquer et de les détruire.

Emmanuel Moyne, avocat de deux tagueurs dans cette affaire a demandé que ces documents « soient rendus aux artistes » lors du jugement pénal, en septembre 2009.

« Un book, pour un graffeur, c'est un peu comme la filmographie d'un cinéaste. Les détruire, c'est frapper au cœur », explique Karim Boukercha, auteur d'un livre sur le graff dans le métro, Descente Interdite.

Cette demande a été rejetée dans l'attente du débat sur les dommages-intérêts. Le procureur de la République n'a pas souhaité s'exprimer sur ce sujet.

« Ils ont compris que les books étaient le Saint-Graal pour nous »

Ces scellés représentent plusieurs mètres cubes de photos, carnets de croquis, cassettes, disques-durs… saisis lors de perquisitions, orchestrées par le commandant Jean-Christophe Merle, en charge à l'époque d'une unité de la brigade des chemins de fer. Lui serait ravi que ces documents restent aux mains de la justice :

« A titre personnel, je me réjouis que ces documents ne leur soient pas restitués. Les tagueurs utilisent des pseudos pour se créer une autre identité dans ce milieu. Saisir les books était un moyen de casser cette identité. Les restituer serait leur redonner vie. »

Au début des années 2000, le numérique est loin d'être généralisé, les photos se font à l'argentique, en un seul exemplaire. « Ils ont compris que les books étaient le Saint-Graal pour nous », se désole Thomas G, qui a dépassé la trentaine, comme la plupart des prévenus. Il travaille désormais dans la mode mais cultive toujours sa passion du graff. Et tient à ses œuvres.

Rap UV, 35 ans, qui continue à taguer entre deux petits boulots, sous un autre pseudo, s'alarme :

« Quand on graffe un train, on peut être sûr que ce sera effacé directement. Les images qu'on rapporte sont les seules preuves qu'on ait. »

On expose la beauté du tag dans des galeries prestigieuses, on est face à une sorte de schizophrénie, explique l'avocat Emmanuel Moyne :

“D'un côté, on traîne les graffeurs devant les tribunaux. De l'autre, on expose la beauté du tag dans des galeries prestigieuses. Les sociétés de transport s'en servent même pour améliorer leur image comme l'a fait Thalys, qui a fait appel à des tagueurs pour peindre un train entier en 2009.”

En 2006, Emmanuel Moyne a gagné un procès intenté par la SNCF à des magazines diffusant des photos de trains tagués et obtenu ainsi, une reconnaissance judiciaire de “l'art de la rue”. Pour le commandant Merle, les documents saisis ne représentent “en rien des œuvres artistiques, mais des tags vandales”.

Si on détruit ces images, c'est une part de l'histoire qu'on efface, plaide Karim Boukercha :

“C'est l'histoire d'un courant artistique éphémère, d'une partie de la culture hip-hop, importante pour notre époque. Si le graff doit mourir, il mourra. Mais il faut conserver sa mémoire.”

Photos : “Pour l'Abbé Pierre” en 2007 (Vices/Descente Interdite) ; Ligne 7 en 2000 (Sife et Reyze/Descente Interdite) ; Ligne 6 en 2004 (Azyle/Descente Interdite).

Article : Marion Ablain via Rue89