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Paris: Lek LCA

Lek LCA n'est pas le writer français le plus médiatisé, pourtant son style épuré et très graphique en a inspiré plus d'un et mérite qu'on s'y attarde. Graffuturism lui rend hommage avec quelques pépites photographiques :

« J'ai grandi dans le 19ème arrondissement, à Paris. Cette zone était quadrillée par les graffitis dans les années 80. C'est plus ou moins à cette période que je m'y suis mis, absorbant la richesse graphique environnante. Les writers qui m'ont inspiré sont des gens comme Skki, Jay Deub, Meo, Lokiss et de nombreux writers moins connus. Ce qui m'a  plu, c'est leur univers précis et défini, que ce soit mécanique, organique, futuriste ou abstrait. »

« En 1994, j'ai commencé à définir de manière plus précise mon propre univers, avec mon équipe les LCA on s'est forgé une identité graphique, pure et minimaliste, ce qui pour l'époque était considéré comme décalé, on pouvait même nous traiter de fou, j'ai aussi entendu dernièrement qu'à l'époque certaines personnes ne pouvaient pas dire que ce que l'on faisait était bien ou même intéressant. »

« Nous, on cherchait uniquement le clash graphique avec les autres groupes mais on avait pas de réponses, on s'est donc replié sur nous-mêmes et on a développé plusieurs manières d'élaborer nos compositions et nos lettres. On a favorisé l'aspect éclaté, déstructuré, stratifié en réduisant l'utilisation des couleurs pour avoir un meilleur impact et pour guider le regard sur les mots transformés par l'utilisation de segments. Ils fragmentent les lettres, de manière presque mécanique, saccadée. »

« A cette periode, j'ai été aussi été amené à explorer des nouveaux lieux, zones industrielles, stations abandonnées, sous-sols, bâtiments en attente de démolition, tous ces lieux ou la vie à foutu le camp sont devenus des lieux d'expérience et d'inspiration. Guidé par ma curiosité, j'essaie d'atteindre une certaine forme de liberté. »

Si comme nous vous appréciez le travail de Lek, nous vous recommandons l'excellent livre Nothing But Letters qu'il a co-réalisé il y a quelques années avec Yko. L'éditeur Wasted Talent nous a d'ailleurs annoncé récemment qu'il était épuisé, les exemplaires en vente ici sur Allcity.fr sont donc les derniers disponibles.

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Graffiti NYC 80's @ J. de Noirmont

Du 27 Mai au 20 Juillet 2011, la Galerie Jérôme de Noirmont présente Graffiti New York 80's, un groupe d'œuvres des pionniers de ce mouvement artistique qui a pris son essor dans les rues de New York dès le début des années 70 pour devenir un phénomène mondial dans les années 80. Plus de 10 ans après les rétrospectives anniversaires consacrées à Andy Warhol (1996/97), Jean Michel Basquiat (1998) et Keith Haring (1999) dont elle est le représentant en France, la galerie revient sur un autre mouvement artistique qui participa à l'effervescence créatrice de la scène new-yorkaise des années 1980, le graffiti et ses précurseurs de l'époque.

Une vingtaine d'œuvres historiques, certaines jamais exposées, illustreront les démarches pionnières de 11 artistes phares du graffiti new-yorkais : A-one,Jean Michel Basquiat, Blade, Bill Blast, Crash, Dondi White, Fab 5 Freddy, Futura2000, Keith Haring, Rammelzee, Toxic et une collaboration inédite avec La II, Kenny Scharf, Jean-Michel Basquiat, Fab 5 Freddy…

Galerie Jérôme de Noirmont
36-38, avenue Matignon
Paris 75008
Plan d'accès ici

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Lionel.D: Rap in Paradise

La nouvelle circule depuis un certain temps : Lionel.D serait mort il y a un an dans l'indifférence totale. Neoboto revient sur son parcours et Marko93 lui rend un dernier hommage.

Lionel.D, sombre inconnu pour certains, figure de proue pour d'autres, est une personnalité qui a œuvré pour l'épanouissement du rap en France, à l'heure où le terrain vague de la Chapelle (Stalingrad), à Paris, vibrait aux rythmes des breaks funky d'un certain Daniel Bigeault alias Dee Nasty. A l'époque où les radios libres bourgeonnaient un peu partout sur le territoire français dans les années 1980, Radio Nova s'est très vite penchée sur le rap en lui consacrant des émissions entières dont la fameuse Deenastyle, animée par Dee Nasty et Lionel.D. Ensemble, ils vont contribuer à faire émerger des artistes comme Assassin, NTM, Ministère AMER, Soon MC, Timide et Sans Complexe, MC Solaar, tout en produisant eux-mêmes l'album de Lionel.D, en 1990, intitulé Y a pas de problème.

Si l'opus subit un revers commercial cuisant, Lionel.D affiche une technique remarquable et une finesse d'écriture qui allie fraîcheur et prise de conscience. Le titre Pour toi le beur composé en pleine Guerre du Golfe fait figure de véritable hymne aux populations d'origine magrébine alors visées par le discours xénophobe du Front National. Connu pour son affabilité et son ouverture d'esprit, Lionel.D a passé le relais aux générations suivantes, les présentant au public depuis la cabine de Nova sur des freestyles inédits remplis de spontanéité. Aujourd'hui, le rap français semble l'avoir casé dans un coin de sa tête, son nom traversant l'inconscient collectif, évoquant quelque chose de vague au gré des mauvaises nouvelles qui filtraient à son sujet. A force d'oubli, on en avait presque oublié son existence…

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BelleGraffitiVille: les photos

Du 5 au 14 Mai 2011, le PGC a organisé BelleGraffitiVille à la galerie alternative Frichez-Nous la Paix. Ce moment a réuni une expo photo, une performance graffiti et des projections. Avec, en clou du spectacle, deux documentaires vidéos réalisés spécialement pour l'occasion.

Près de 1200 photos ont été exposées, toutes prises dans le quartier ces huit dernières années. Neuf photographes  (JeremyDP, Le Bucéphale, The Mouarf, Startape, Syl, Tat, Thias, Vito et 3615) habitués des lieux ont réuni leurs clichés pour l'occasion.

La suite est à lire ici.

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Interview Colorz 156 GT

Fatcap a interviewé Colorz et Gilbert à l'occasion de l'exposition Underwall à la galerie Wallworks. Morceau choisi de Colorz qui revient sur son passé de vandale.

Avec ton passé de vandale, peux-tu nous dire comment s'est fait le passage de la rue à la galerie pour toi ?
Si j'ai un passé de vandale, je ne vois pas d'incompatibilité avec le fait d'exposer en galerie. C'est un choix et un droit qui s'inscrit dans ma propre évolution artistique. Quand on est ado, on cherche la fame, on veut conquérir des territoires, exister par tous les moyens, s'imposer en cartonnant un maximum par la saturation des réseaux ferrés.

Le graffiti est un fourre-tout psychologique. C'est un art qui ne connaît ni classes ni lois, il séduit aussi bien les bourgeois que les plus défavorisés au nom d'une guérilla de blazes et de couleurs. A 20 ans je n'aurais jamais pensé que mon activité dans la rue s'étendrait à la galerie. C'est en 1992, quand mes potes ont commencé à me commander des toiles que je me suis rendu compte que ça plaisait et que je pouvais travailler sur d'autres supports que les murs et les métros.

En tant que témoin et acteur d'une époque, je m'inscris aujourd'hui dans une démarche où mes créations n'ont pas de limite. Elles me procurent une certaine satisfaction personnelle de voir mon art reconnu, un art qui est la somme de mes expériences acquises. Il y a une recherche de pérennité dans le travail en galerie, qui s'oppose à l'univers éphémère de la rue, qui me plaît. Le travail est forcément complètement différent, on prend plus son temps, on prend du recul sur ce qu'on fait. J'ai fait ma première expo-performance aux Charbonniers (le terrain des Charbonniers se trouvait rue du Château des Rentiers dans le 13e de Paris. Ancien dépôt à charbon, il fut découvert par Psyckoze en 1991 et fut un squat d'artistes jusqu'en 2002). J'ai réalisé des peintures en utilisant la technique du dripping avec des couleurs pastels, puis il y a eu d'autres expositions, des ventes aux enchères. Avec Gilbert, on a aussi collaboré dans la rue pour une expo commune à Djakarta en Indonésie initiée par la galeriste Claude Kunetz de la galerie Wallworks. Cette expo réunissait des artistes locaux et parisiens (Lazoo, Ceet, Kongo, Sonic, Gilbert et moi).

Ta plus grosse montée d'adrénaline ?

Dans ma période vandale je n'ai pas vraiment connu de shoot d'adrénaline. C'est comme une drogue d'aller taguer partout où c'est interdit et dangereux. Les cavales, on finit par s'y habituer et surtout on s'efforce de les oublier pour mieux recommencer. Le dédoublement, c'est notre meilleur garde-fou.

L'interview complète de Colorz & Gilbert est à lire ici.