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Innercity n°23

Et si depuis quelques années le worldwide graffiti, malgré l'uniformisation des styles – dégât collatéral et inévitable de l'incontournable web qui rend possible la diffusion d'un mur dans le monde entier la peinture à peine sèche – une certaine idée de l'élégance et de la créativité européenne l'emportait sur les sirènes surannées d'un rêve coloré américain ? Car, à n'en pas douter, la vieille Europe prend sa revanche et réinvente chaque jour le graffiti en en repoussant les limites avec une classe, fraîcheur et sauvagerie jusqu'à présent insoupçonnées… Aussi, pour ce 23e opus, il nous semblait évident de nous concentrer sur Soten, un Danois issu de l'école de Bates aux lettres élégantes à la lisibilité parfaite. À déguster… Puis, direction Turin en Italie et le UAO crew, une équipe de “trainistes” qui, sans se prendre au sérieux, explore toutes la palettes des styles avec la fraîcheur rigolarde du vandal fier de l'insouciance et de l'arrogance de sa jeunesse. Enfin, Zoer l'Espagnol qui, sans renier le wildstyle made in USA, est aujourd'hui un une figure majeure du graffiti madrilène. Ainsi, en 2010, dans un continent à la dérive guettant le naufrage, le futur du graffiti est pourtant en train de s'inventer chaque jour…

Edito Innercity n°23

le magazine est disponible sur Allcity.fr et en vente dans les kiosques en France.

Preview téléchargeable ici.

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Ces vs. Serve @ Tuff City Styles

Situé dans le Bronx, Tuff City Styles est un shop de graffiti new-yorkais à la déco originale, puisqu'il a installé dans son arrière-cours la réplique d'un métro de la ville.

Depuis, les vieux de la vieille se rémémorent les goold old days en peignant cette maquette. Certains trouvent l'initiative pathétique, d'autres adorent, c'est selon !

Derniers participants en date, Ces et Serve viennent de se livrer à une battle en règle sur ce support original, dont voici la vidéo.

Source : 12oz

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Interview Fuzi UV-TPK

Après avoir ouvert ses archives sur la toile, Fuzi UV-TPK répond aux questions de Canal Street par mails interposés.

Peux-tu te présenter ?
Fuzi UV-TPK, artiste sauvage.

J'ai consacré ma jeunesse au graffiti et quand je dis ça, ce n'est pas une parole en l'air. Je ne parle pas de hobbie, d'un passe temps entre l'école le foot et ta meuf, mais de VIVRE pour le graffiti, taguer partout, voler tout le temps, se battre pour son nom, être toujours dans la rue, les GAV, rôder les podés, contrôler la ligne, prendre les photos, se faire courser… Penser et faire du graffiti tout le temps, cela pendant plus de 15 ans. Forcément, cela a influé très fortement sur la personne que je suis devenu, aussi bien artistiquement qu'humainement. Ai participé avec d'autres à la création et au développement du groupe UV-TPK. Le plus radical, mais aussi et surtout le plus prolifique groupe de graffiti en France.

Aujourd'hui, à 35 ans, j ai arrêté de peindre sur les trains depuis quelques temps. J'ai fait croire à la vie qu'elle m'avait dompté, mais mon côté sauvage est bien là et il s'exprime par tous les moyens : dessins, peintures, tattoo, photographie, écriture… Je m'exprime dans la confrontation, je n ai jamais agi pour plaire ou encore pire pour faire « beau », je suis contre, anti tout, de nature, Mon art me ressemble, instinctif, violent, sincère.

Pourquoi Fuzi ?
Pourquoi pas ? Le nom est tout en graffiti, mais il n'est rien, L'important ce sont tous les moments que tu passes à le marquer partout, je l'ai très vite compris. Je suis Fuzi, mais j'ai utilisé des dizaines d'autres blazes. Pour brouiller les pistes des keufs bien sûr, mais aussi par plaisir d'endosser une nouvelle identité à chaque fois, un nouveau pincement au cœur, un éternel recommencement…

Pourquoi Ignorant Style ?
Parce que ça remonte à l'enfance, à la spontanéité, à l'instinct et encore et toujours au fait de briser les règles. Etre fier de ce que l'on me reproche, et se l'approprier. Les graffeurs de l'époque ont préféré ne voir dans ma peinture (et de celle d'autres de mon groupe) qu'un acte d'ignorant, cachant par là même leur propre ignorance, en disant que je ne savais pas peindre. Ca leur évitait d'assumer la réalité, le fait que c'était une démarche réfléchie : le fruit de mon obsession pour les premières heures du graffiti new-yorkais, mélangé à ma culture de banlieusard et de l'influence du style traditionnel vandal parisien. Un besoin de faire autrement, spontanément, violemment, tout en s'appuyant sur les fondamentaux du graffiti : peindre son nom, de façon illégale, sur les trains, les murs, le métro.

Quelques précisions concernant ta culture de banlieusard…
Quand je dis culture de banlieusard, je pense à des vandales déferlant sur la capitale, avec comme destrier un gros double étage orange défoncé de tags à la barrane. Je pense à l'omniprésence de la ligne et de ses trains passant entre les immeubles. Je pense au temps passé dans ces intérieurs, sur ces banquettes lacérées, à surveiller la suge et les contrôleurs, puis à sortir son corps par les fenêtres pour poser les tags les plus hauts. Je pense au dernier train qu'il ne faut surtout pas louper si tu ne veux pas passer une nuit blanche sur le boulevard. Je pense aux rigolades, aux joints fumés dans le dernier wagon, avec les amis. Je pense à tous ces moments que seuls les banlieusards vivent. A ça et à bien plus , qui mis bout à bout forment une culture que tu ne peux comprendre qu'en la vivant.

La suite est ici.

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Le graffiti vu par le FN

Voici un communiqué de presse bien sympathique du Front National de la Jeunesse de Paris. Evidemment la photo d'un métro peint n'a rien à voir avec les ateliers de sous-culture gauchiste dont il est question ici, mais elle a été choisie par les auteurs de l'article.

Si vous ne saviez pas pour qui voter, ça vous fait une raison supplémentaire de savoir pour qui ne pas voter…

« A l'heure où des dizaines de milliers de parisiens vivent dans des quartiers délabrés et dans de scandaleuses conditions, « l'Antenne Jeunes » du 9ème arrondissement, rattachée à la mairie de Paris, organise une initiation au « graff » à de jeunes adolescents.

Il est affligeant de constater que les préoccupations des responsables politiques parisiens vont en priorité au financement d'une telle sous-culture gauchiste, dont l'objet est de détériorer les murs de la collectivité en y ajoutant des tags, et qui a, des années durant, pollué l'environnement des parisiens les plus modestes.

Cette manière de marchander la paix sociale avec l'argent des contribuables est scandaleuse et doit être dénoncée.

Le Front National de la Jeunesse de Paris demande aux élus de Paris, manifestement bien éloignés des réalités populaires de terrain et enfermés dans leur idéologie conformiste, de bien vouloir utiliser l'argent public pour les habitants les plus fragiles de notre ville, qui eux, se moquent bien de ces ateliers « graff » mais préfèreraient pouvoir se loger décemment. »

Florian Dufait, Secrétaire départemental adjoint du F.N.J Paris

Source : Paris National