Julien Vilmeux a filmé Ogre et Peack réalisant un mur à Lyon. Ogre en a profité pour s'entretenir avec Peack, writer originaire de Marseille qui, après une étape à Bruxelles, s'est installé à Lyon.
Peux-tu nous dire d'où tu viens, depuis quand tu peins ? Quels sont tes crews ?
As2Peack, 30 ans, né à Marseille. Premier tag en 94, premier graff en 95. Je peins pour les RTM, PM et Greetings.
Que représente le crew pour toi ?
Tout dépend lequel. RTM, c'est la famille, 15 ans de vies communes, les débuts avec les nuits sur l'autoroute ou les voies ferrées, toutes les conneries de jeunesse possibles et inimaginables. Même si je suis le seul à être vraiment encore actif, ça reste important pour moi de le signer. PM, c'est une évolution. Je commence à devenir sociable, à penser à m'ouvrir à d'autres choses, les couleurs et les terrains, les fresques du week-end. Je rejoins un crew où il y a un certain niveau, ça me fait progresser. On commence à être invités sur des jams, à voyager. Et puis Greetings, c'est le délire de créer un truc plus personnel avec Lime alias Gris.
Parle-nous de la création du crew Greetings, comment est venu le nom ?
Comme je disais, à un moment je commence à devenir sociable, je croise des gens, et il y a un mec que je vois souvent, le courant passe bien, c'est Lime alias Gris. En parlant un jour, on se rend compte qu'on habite le même quartier, à égale distance d'un terrain. Donc, un rituel s'installe, le premier qui se lève appelle l'autre, on se retrouve pour le café et on va peindre. C'est une période prolifique pour nous deux, et logiquement, on en vient à réfléchir à se faire un truc juste pour nous au départ. Un peu marre des lettres, on cherche un mot pour définir le feeling qu'il y a dans notre peinture. Le premier choix, c'est Highlight mais on l'abandonne quand on se rend compte qu'une boite de graphisme s'appelle comme ça. A force de réfléchir, on tombe sur Greetings, un mot de carte postale, parfait pour symboliser les bons moments, les bons souvenirs, les voyages qu'on fait ensemble pour le graffiti.
Tu as séjourné en Belgique, peux-tu nous parler de cette période de ta vie ?
En 2007, je suis invité avec d'autres marseillais à un jam de fou à Bruxelles. 11 jours, 5000m², une centaine de graffeurs. Et au milieu de tout ça, en plus de faire connaissance avec pas mal de graffeurs belges, je fais surtout connaissance avec une fille. Seule raison de quitter Marseille, l'amour, me voilà donc en Belgique. Fatigué des peintures à 20, où tu dois te sacrifier pour faire plaisir aux autres, je décide de ne pas ébruiter mon arrivée. Je ne peins qu'avec des gars qui partagent ma vision du graffiti, des mecs géniaux, au niveau humain comme au niveau peinture. On se fait des trucs à 2 ou 3, sans prise de tête. La qualité de vie associée avec ces rencontres font que je me sens à nouveau respirer dans ma peinture. Merci à Brio, Defo, Blancbec, Eyes B et quelques autres. Autre aspect important, les trains. Je n'ai jamais spécialement aimé en faire, ce n'est pas trop mon délire, mais là-bas, c'est tellement facile, que ce serait criminel de ne pas en faire.
Comment définirais-tu ton style ?
Tout part d'un panel à T.Kid, celui avec une fille en porte-jarretelles. Ce graff-là, j'ai dû perdre 2/10 à chaque œil à force de le regarder. Je ne sais pas pourquoi celui-là particulièrement, mais il continue à me faire vibrer. Puis je découvre le graffiti allemand, et là, deuxième claque. Les GFA, OBS, BTN. Mon séjour à Berlin n'a fait que confirmer ce que je savais, c'est le style allemand avec lequel j'ai le plus d'affinités. Tout mes graffs partent d'un tag, je l'ai en tête, je le tourne dans tous les sens, je réfléchis à comment le mettre en volume tout en gardant du style. C'est aussi pour ça que j'ai assez vite arrêter de faire mon blaze en graff. J'écris le mot que j'ai en tête, peu m'importe qu'il existe déjà.
Des choses à ajouter ?
Les gens que j'aime le savent déjà, merci pour tout. La deuxième génération arrive, gare à vos fesses. Et comme l'a si bien dit un philosophe de ma connaissance : Game, not fame.
Quelques murs de Peack :