Fatcap a interviewé Colorz et Gilbert à l'occasion de l'exposition Underwall à la galerie Wallworks. Morceau choisi de Colorz qui revient sur son passé de vandale.
Avec ton passé de vandale, peux-tu nous dire comment s'est fait le passage de la rue à la galerie pour toi ?
Si j'ai un passé de vandale, je ne vois pas d'incompatibilité avec le fait d'exposer en galerie. C'est un choix et un droit qui s'inscrit dans ma propre évolution artistique. Quand on est ado, on cherche la fame, on veut conquérir des territoires, exister par tous les moyens, s'imposer en cartonnant un maximum par la saturation des réseaux ferrés.
Le graffiti est un fourre-tout psychologique. C'est un art qui ne connaît ni classes ni lois, il séduit aussi bien les bourgeois que les plus défavorisés au nom d'une guérilla de blazes et de couleurs. A 20 ans je n'aurais jamais pensé que mon activité dans la rue s'étendrait à la galerie. C'est en 1992, quand mes potes ont commencé à me commander des toiles que je me suis rendu compte que ça plaisait et que je pouvais travailler sur d'autres supports que les murs et les métros.
En tant que témoin et acteur d'une époque, je m'inscris aujourd'hui dans une démarche où mes créations n'ont pas de limite. Elles me procurent une certaine satisfaction personnelle de voir mon art reconnu, un art qui est la somme de mes expériences acquises. Il y a une recherche de pérennité dans le travail en galerie, qui s'oppose à l'univers éphémère de la rue, qui me plaît. Le travail est forcément complètement différent, on prend plus son temps, on prend du recul sur ce qu'on fait. J'ai fait ma première expo-performance aux Charbonniers (le terrain des Charbonniers se trouvait rue du Château des Rentiers dans le 13e de Paris. Ancien dépôt à charbon, il fut découvert par Psyckoze en 1991 et fut un squat d'artistes jusqu'en 2002). J'ai réalisé des peintures en utilisant la technique du dripping avec des couleurs pastels, puis il y a eu d'autres expositions, des ventes aux enchères. Avec Gilbert, on a aussi collaboré dans la rue pour une expo commune à Djakarta en Indonésie initiée par la galeriste Claude Kunetz de la galerie Wallworks. Cette expo réunissait des artistes locaux et parisiens (Lazoo, Ceet, Kongo, Sonic, Gilbert et moi).
Ta plus grosse montée d'adrénaline ?
Dans ma période vandale je n'ai pas vraiment connu de shoot d'adrénaline. C'est comme une drogue d'aller taguer partout où c'est interdit et dangereux. Les cavales, on finit par s'y habituer et surtout on s'efforce de les oublier pour mieux recommencer. Le dédoublement, c'est notre meilleur garde-fou.
L'interview complète de Colorz & Gilbert est à lire ici.
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