Depuis le début des années 80, flirtant avec les punks et pochoiristes parisiens jusqu'à aujourd'hui, Patrice Poch s'est écrit un nom indélébile dans le milieu de la rue et du graffiti. Il expose à la librairie Datta avec I Hate This World But I Love My Life, jusqu'au 27 Avril 2011.
Le Mauvais Coton s'est rendu à l'expo pour prendre des photos et lui poser quelques questions.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Patrice Poch, 38 ans, j'ai commencé à peindre en 88. Je suis de banlieue parisienne, après j'ai habité à Paris. Maintenant, je suis à Rennes depuis 10 ans. Je bouge selon les vents.
Comment as-tu commencé ?
J'ai commencé direct dans le graffiti, plus précisément par le pochoir. Je gravitais dans la scène punk-rock, donc très influencé par les pochettes de disques, les perfectos avec des pochoirs dans le dos. En voyant tout ça, ça m'a donné envie. J'avais aussi découvert quelques pochoiristes parisiens connus du début des années 80 comme Marie Rouffet. Début 88, j'essaie alors de faire moi même mes bouts de cartons et tout ça.
Tu bosses à partir de photos ?
Pour ce qui est pochoir, oui, c'est un mélange entre du dessin et de la photo. Je cherche énormément de clichés, en fait, il y a un long travail d'archive en amont. Je prends contact avec les groupes, notamment. Il y a un temps de mise en confiance, qu'ils comprennent bien ce que je veux faire avec leur image. Parce qu'à côté de ces pochoirs, il y a souvent un boulot aussi de collages dans la rue où je fais des personnages de taille 1 qui représentent les gens de l'époque, comme si tu les croisais.
Tu peux nous en dire un peu plus à propos de ces collages urbains ?
Depuis 2005, je travaille sur des personnages en taille 1 représentant les acteurs de la scene punk-rock des années 80. Je travaille en règle générale sur des groupes que j'ai écouté pendant mon adolescence mais il m'arrive aussi d'illustrer des groupes que je découvre au fil de mes recherches quand je me documente sur une ville en particulier. Cela a été le cas avec le groupe Social Negative dont j'ai fait deux collages lors de mon passage chez Datta. Je travaille en ce moment beaucoup sur la scène rennaise. J'ai déjà fait une grosse série de collages en 2010 et j'en prépare une nouvelle. En parallèle, j'organise une exposition collective Rennes 1981 avec des artistes ayant commencé leur pratique à l'époque : Richard Dumas (photo), Tonio Marinescu (peinture), Jo Pinto Maia (photo), Ian Craddock (photo), Dany Delboy (peinture) et un photographe Gildas Raffenel qui lui, fait le lien avec 2011.
La musique et les groupes punks de l'époque semblent t'inspirer, pourrais-tu nous dire combien la musique est importante dans ton travail ?
La musique et tout particulièrement le punk-rock sont très importants, c'est par ce biais que je me suis intéressé au pochoir fin 80. Après je ne suis pas non plus enfermé dans cette culture, j'aime beaucoup de choses differentes. Je m'intéresse autant au vieux hip-hop, l'electro, l'early reggae. J'ai d'ailleurs réalisé plusieurs collages grandeur nature de Birdy Nam Nam.
Ton travail paraît également être sensible à la politique, on se trompe ?
Mon travail est pas vraiment politique mais il est clairement antifasciste.
Qu'aimes-tu à Lyon, artistiquement et culturellement ?
A chaque fois que je suis venu à Lyon, je n'ai pas vraiment eu le temps de visiter culturellement la ville. Je passe assez rapidement et je passe plus de temps avec mes potes et le crew TSH. Après j'apprécie beaucoup la ville avec des coins comme la Croix Rousse, les pentes.
Quels sont les derniers artistes (peintres, photographes, groupes de musique) qui t'ont marqué ?
En peinture, j'aime beaucoup le travail de John John Jesse, Guillaume Bresson.
En musique, Kap Bambino, Klement, Frustration et Déjà Mort.
Es-tu plus sushi ou nems ?
J'aime vraiment les deux.