Le Havre: Interview Jolek

Jolek, un graffeur du Havre connu pour ses photos de filles peu vêtues, a répondu aux questions de Mr Yak, envoyé spécial du site Le Havre de Graffs.

Tu es né au début des années 80 au Havre, en quelle année as-tu commencé à peindre ?
J'ai commencé en 1998.

Comment devient-on graffeur, comment cela a-t-il commencé, qu'est ce qui t'a poussé à prendre une bombe ?
Si ma mémoire est bonne le 1er graff qui m'a transmis le virus est un Nefaz aperçu en prenant le funiculaire avec ma mère, je devais avoir une dizaine d'années, par la suite j'ai utilisé une bombe pour faire un pochoir sur mon skate. A l'entrée au collège ça a été les tags dans les toilettes, sur les tables, de plus le grand frère de mon pote taguait. Dés que j'ai assisté à la réalisation d'un graff par les grands de mon quartier j'ai été scotché, par la suite j'ai découvert et dégusté les graffs de Jace, 1pek, Nefaz, Syr, Ore, et tous ceux qui ont suivi. J'ai vraiment commencé le graffiti en 1998 en entrant au lycée et c'est là que j'ai rencontré mon pote et partenaire. Jusqu'en 2002, on a bien kiffé, fumé et peint ensemble et pour ma part, malgré les épreuves et les mésaventures du graffiti et de la vie, je suis encore dedans.

Comment as-tu choisi ton pseudo ?
J'ai eu et utilisé plusieurs pseudos avant celui-ci, certains n'ont vécu que pour quelques graffs, d'autres quelques années. Je les avais choisis pour leurs lettres ou pour leurs noms mais certains de ces blazes sont déjà utilisés dans d'autres villes ou pays. Mon pseudo actuel est plus personnel, c'est mon nom de graffeur, de peintre et c'est le seul qui compte vraiment pour moi et que je n'arrêterais pas de poser.


Il existe de nombreux styles de graffs, dans quel genre te classes-tu ?
Je ne me classe nulle part, je fais le graffiti que j'aime. C'est par moi-même que j'ai créé et développé mon style et mes lettres et pas en piochant dans des magasines. Sauf je dois l'avouer pour quelques graffs de mes tous débuts. Je veux que mon lettrage soit lisible, j'ai commencé par le vandale et je pense que cela se ressent dans ma façon de peindre et le rendu de mes peintures.

Tu bouges beaucoup, sur le net on voit beaucoup de tes productions postées un peu partout. Tes lettrages, tes persos sont peints sur tous les supports possibles, quelle est ton support de prédilection ?
J'aime bien me promener et découvrir de nouveaux terrains et des choses à peindre, j'ai pas mal bougé pour de multiples raisons. J'essaie de varier les plaisirs, je recherche la différence pour mes supports et ambiances. Ce qui me plait le plus c'est le lettrage mais j'essaye d'autres choses et j'y ajoute parfois des reproductions de persos pour être plus efficace et toucher plus de monde, des gens hors du graffiti comme les enfants par exemple. Mes supports favoris restent les stores, les véhicules sans oublier les murs en briques et les jolies femmes : peintre sur tous supports !

Le body painting justement, quand as-tu commencé ?
J'ai commencé le premier en 2002, puis en ai fait un deuxième et ensuite ça c'est accéléré.

Tu fais poser aussi des modèles dénudés devant tes graffs. A ton avis, qu'est ce que les gens regardent le plus sur ces clichés ?
Je les fais poser aussi en glamour, lingerie, nu artistique et autre. En fait je prends les photos en fonction de mes modèles et de ce qu'elles veulent comme clichés ou alors elles suivent mes suggestions. Je pense que les gens regardent les filles en premier mais ceux qui aiment la photo et mes graffitis regardent l'ensemble. Cela forme un tout, l'ambiance, la fille, le graff, la tenue quand il y en a. Si les gens aiment c'est bien sinon ce n'est pas bien grave, comme pour le graffiti c'est avant tout une démarche et un plaisir personnel.

La rumeur dit que tu as tes érotiques ?
Si la rumeur le dit … Il faut se méfier de ce que les gens racontent surtout dans le joli monde du graffiti. Mais pour te répondre, disons que je ne mets pas tout sur le net et que j'ai des photos perso.

Comment fais -tu pour convaincre ces charmantes personnes de poser devant tes graffs ?
Je ne suis ni proxénète ni mafieux et ne force personne, je contacte ou me fais contacter par les modèles. Je ne programme une séance photo avec ces jeunes filles majeures et volontaires qu'après avoir montré mon travail et que nous nous soyons mis d'accord sur le type de clichés qu'elles veulent obtenir. C'est un échange de bons procédés.

Fais-tu partie d'un crew, qu'est ce que ça t'apporte ?
J'ai créé et posé des crews, enfin surtout deux, et en fait je n'ai pas besoin de ça et suis plutôt contre, on me l'a encore proposé récemment. J'aime bien peindre avec des gens mais librement, il me faut mon indépendance. Seul, les éventuels problèmes entre graffeurs ou autres ne regardent que toi et n'ont pas de conséquences pour les autres. De plus je ne vois pas l'intérêt de faire partie d'un crew et de ne pas forcément apprécier ou être apprécié ni connaître tous ses membres. Dans le graffiti et dans ma vie j'ai été déçu et trahi par des amis de passage alors plus de crew pour ma part. Cela ne m'empêche pas de peindre avec des gens et mettre en dédicace les gens que j'apprécie, ils savent qui ils sont.

Cela ne te fend pas le coeur de savoir que tes oeuvres sont éphémères ?
Je peins avant tout pour moi, si le graff reste et est vu c'est bien mais dans certains endroits il ne survit jamais très longtemps. Il m'arrive de repasser ma propre peinture que quelques jours seulement après l'avoir posée. L'important est le moment vécu et la photo souvenir.

Tu utilises les persos de Bodé depuis des années. Pourquoi n'en as-tu pas représenté sur la grande fresque commune  Hommage à Vaughn Bodé de la Biennale d'art contemporain du Havre ?
J'ai reproduit plusieurs fois les persos de Bodé comme beaucoup de graffeurs car j'aime son univers. En ce qui concerne la fresque hommage, je ne pensais même pas y participer, j'y suis passé en visiteur voir mes potes Diksa, Nefaz et les autres peintres au côté de Mark Bode. Il restait une place vierge juste à côté de lui réservée à Diksa, ce dernier m'en a fait cadeau et je l'en remercie ainsi que Fiona, Kevin sans oublier Jace pour la bombe jaune et tous les gens présents, c'était un moment inoubliable.

La somme de ton travail est impressionnante, combien de graffs pensez-tu avoir réalisé ?
Aucune idée pour le nombre, j'ai privilégié pendant plusieurs années la quantité à la qualité et je peins intensivement depuis 2001. Cela représente beaucoup de temps, d'argent, de rencontres, d'anecdotes, de problèmes, de litres de peinture mais surtout de plaisir.

Et dans combien de villes ?
Comme dit plus haut j'ai pas mal bougé et j'essaie de laisser ma trace ou je passe. Il y a des villes ou je n'ai fait qu'un graff, dans d'autres beaucoup plus, il y a celles aussi où je n'ai fait que du stickers ou du tag. Allez, on va dire 20, 30, mais les villes où je suis le plus intervenu sont le Havre, Rouen, Bordeaux Amsterdam, Toulouse et Paris. J'en ai d'autres sur ma liste qui auront tôt ou tard ma visite.

Quels sont tes plus grosses performances ?
La fresque Bodé en était une, il y a aussi mon road trip à Nice ou parti en solo pour y faire une déco je me suis arrêté au retour dans le plus de villes possible pour vider les bombes récupérées et coller mes stickers. De nombreux roads trips aussi à Amsterdam avec mon meilleur ami sans oublier toutes les missions peinture des débuts avec mon partenaire et celles avec mon poto Ghetto de Bordeaux ainsi que celles avec Idem, Nefaz, Diksa et tous les autres.

T'arrive-t-il de travailler sur commande ?
Oui, j'ai fait plusieurs décorations pour des commerces ou chez des particuliers, j'ai fait quelques toiles aussi. Il faudrait que je me motive pour reprendre mais j'aime tellement ma peinture libre.

Et le light painting ?
J'aime la photo, mon pote m'a fait tester le light et ça me plait bien, à refaire donc.

L'art urbain est de plus en plus exposé en galerie et même dans des musées, que penses-tu de cet engouement ?
Je ne suis pas contre, mais les gens qui n'ont jamais rien fait dans la rue n'y ont pas leur place. La vraie place du graffiti et de l'art urbain restent la rue.

Cela ne te choque pas que les côtes de certaines oeuvres atteignent des sommets dans les ventes aux enchères et dans certaines galeries ?
Cela ne me choque pas plus que le footballeur qui gagne des millions à courir après un ballon, pas plus que les salaires de certaines personnes, pas plus que toutes les inégalités financières de notre pays, pas plus que les amendes et autres ennuis qu'ils nous font payer pour de la peinture. Alors si c'est un peintre qui a un vécu et une crédibilité et que les gens sont prêts à payer, pourquoi pas.

Le graff est un délit mais est exposé dans des musées nationaux, comment l'expliques-tu ?
Le graffiti à la base c'est de la peinture, une peinture qui existe depuis trop longtemps pour disparaître. C'est un délit car c'est une forme d'art libre impossible à contrôler, tu peux peindre ce que tu veux où tu veux et quand tu veux. Tu choisis ton sujet et ton support sans avoir à demander une quelconque autorisation. Par contre il y a des risques qu'il faut connaître, le graffiti est de plus en plus réprimé mais ce n'est pas ça qui l'arrêtera car ce mouvement est mondial. Il faut reconnaître aussi que le technique du travail à la bombe est beaucoup plus impressionnante que le travail du peintre traditionnel même si pour ma part j'ai autant de respect pour les deux. De nombreux artistes graffeurs méritent la reconnaissance et ont leurs places dans les musées au vu de la qualité de leurs oeuvres sans oublier les risques pris pour pouvoir s'exprimer.

Que penses-tu des autres formes de l'art urbain ?
Je suis attentif à tout ce qui se fait dans la rue, du tag bien coulant au stickers,pochoirs, affiches et graffs. Pour certains se sont des dégradations pour moi se sont des mises en scènes, des signes de rebellions et les moyens d'expressions de personnes qui font la démarche d'investir et de participer à la vie de la rue. La rue est à tout le monde et je préfère y voir de la couleur plutôt que leurs caméras et autres pollutions visuelles ou pubs.

Tu écoutes quoi comme musique ?
Je suis assez ouvert, j'écoute du Rap, Raggae, Ragga, Soul, Funk, un peu de variété et divers autres trucs mais ne suis pas trop branché Hard-Rock ou Techno.

Quels sont tes projets, tes aspirations ?
Continuer à vivre au jour le jour en essayant de profiter de chaque instant même si c'est une vie d'épreuves et de moments difficiles. Continuer à peindre tant que j'en ai le plaisir et tant que j'en ressens le besoin, vivre mes passions et faire les choses que j'aime, profiter des gens que j'apprécie et pourquoi pas pouvoir un jour vivre de ma peinture. J'ai appris à prendre la vie comme elle vient et on verra par la suite, j'ai bien évidement des souhaits et des projets que j'espère bien voir réalisés un jour.

Dédicaces ?
Foxxx,Klaim, Raph, Toons, Doze, Ghetto, Idem, Nefaz, Diksa, Pares, Myck, Eko, Yak, Each, Ekos, Naz, Deors, Sevyce.
Pour tous ceux et celles qui ont croisé et croiseront ma route, toutes les personnes avec qui j'ai peins et peindrais, ceux qui me respectent et respectent ma peinture, pour toutes mes modèles.
Une pensée aussi pour tous les traitres, les jaloux et les faux amis. Je suis toujours là.
« Fuck you, the show must go on »

2 commentaires

  1. UHU le

    après avoir balancé des milliers de photos toutes pourries sur graffbombz pendant des années et maintenant que ce magazine ne parait plus, voilà que jolek va maintenant passer son temps à vous pourrir les yeux en envoyant toutes ces photos de graffs pourries avec une bimbo déguelasse en arrière-plan, dans le magazine paris tonkar,
    ce type est une calamité, une plaie, ces graffs sont hideux, horribles et devraient être inscrites au patrimoine mondial de la laideur.
    ça ne t’a pas suffit graffbombz tous les 3 mois? tu envoyais tes graffs d’uné médiocrité absolue et ça faisait mal à nos yeux. pauvre type.

  2. pifou le

    Parce que tu trouve que le reste des photos respirait la fraicheur?
    Beaucoup de peintre débutant, plusieurs fois les mêmes crews dans la même page de « fourre-tout », dés que tu envoie de la « qualité », tu y passe….
    Mais bon Innercity à mis la clé sous la porte, Blazing pareil, XG itou et GBZ n’a pas paru depuis plus de 6 mois, y’a que du street art mag and co en kiosque.

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