Unlike U: Trainwriting in Berlin

Aujourd'hui a lieu dans la capitale allemande l'avant-première du film Unlike U: Trainwriting in Berlin au cinéma. Tout comme Writers et Dirty Handz le furent pour Paris, Unlike U s'annonce comme LE documentaire incontournable pour tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la scène graffiti de la plaque tournante du graffiti en Europe : Berlin.

Le DVD est annoncé en France pour le courant de la semaine prochaine et devrait être disponible en exclusivité sur Allcity.fr dès vendredi. En attendant, voici déjà le trailer, puis le synopsis du film accompagné d'une trentaine de photos extraites du DVD. Plus d'infos très bientôt !

« Aujourd'hui, on est jeudi et il est 3h30 du matin et je suis réveillé. ça fait la quatrième nuit consécutive. L'alarme est réglée pour une heure et demie. Le froid ? La fatigue ? aucune importance. J'ai besoin de sortir. J'ai besoin de savoir quand les gardes font leur ronde. On veut faire quelque chose plein de couleurs, mais on a besoin de savoir quand ces couillons font une pause. Ca fait partie du jeu. Nous sommes méticuleux et prudents. Tout le reste serait dangereux. Pas de mails, pas de portables. Tout en tête à tête. Le Soko (vandal squad allemand) est partout. Ils veulent nous attraper mais nous sommes plus malins qu'eux. Malin, rapide et prudent.

Au boulot, on n'arrête pas de me demander si je suis malade, j'ai de grosses valises sous les yeux. Cette semaine j'ai à peine dormi 12 heures. Tout ça pour 15 minutes de peinture. Maintenant on sait à quel moment agir. Tout ça pour un train. 15 minutes doivent suffire. Aprés le train sera éclaté et couvert de couleurs. Peut-être qu'alors je pourrais retrouver le sommeil. Mais encore une fois, un train m'attendra. Voila comment ça se passe. Voila comment ça s'est toujours passé.

No Sleep Till Brooklyn. (chanson des Beastie Boys)
Just on the run . »

Qu'est-ce qui pousse des ados et des gens plus âgés à passer leurs nuits dehors ? Qu'est-ce qui les pousse à déjouer les caméras, à surveiller les gardes et risquer des grosses amendes et parfois la prison ? Comment quelqu'un en arrive à dépenser beaucoup d'argent en bombe de peinture sans avoir rien en retour si ce n'est la considération de ses pairs, un cercle de personne très restreint ?

Unlike U s'intéresse à un mouvement qui est difficile à comprendre pour les gens extérieurs. Le monde des trainwriters, ces graffeurs qui se spécialisent dans dans la peinture sur trains et métros. Extrêmement undercover. Extrêmement criminel. Extrêmement interdit.

Unlike U dresse le portrait de quatre générations de graffeurs à Berlin, le plus vieux des writers interrogés a plus de 40 ans et le plus jeune 17 ans. Tous les protagonistes ont une chose en commun. Chacun peint sans compter, certains d'entre eux ont dépassé les 1000 trains peints.

Grâce à des entretiens approfondis les réalisateurs réussissent à cerner les motivations des graffeurs et à comprendre ce qui les conduit à commettre un crime qui n'a aucune valeur dans le domaine public, un acte de destruction de propriété, les trains peints sont immédiatement mis hors service aussi vite que possible. La probabilité pour un writer de voir sa pièce tourner est proche de zéro. Alors pourquoi peindre dans ces conditions là ? Comment le writer y trouve-t-il son compte ? Qu'est-ce qui le fait vibrer ?

Les réalisateurs, Henrik Regel et Björn Birg, plongent dans l'univers des trainwriters. En plus des interviews, ils ont recueilli de nombreuses images encore jamais diffusées. Le film enquête sur différents aspects de cette scène et revient sur certaines actions et sur certains faits historiques comme le writer's bench de Friedrichstrasse par exemple : le lieu de rencontre des writers depuis les années 90, l'origine de la légende de Berlin.

En ce sens, Unlike U n'est pas une vidéo de graffiti normale dans laquelle les actions sur trains se répètent mais plutôt un sympathique portrait d'une scène qui n'a jamais été montrée avant.

Ce film décrit la fascinante histoire d'une culture, qui survit cachée, mais qui présente les caractéristiques d'un mouvement de l'histoire de l'art avec toutes ses évolutions spatiales et périodiques.

Les réalisateurs ont travaillé 7 ans sur ce documentaire et ont établi de bonnes relations avec la scène, qui peut être décrite comme une fête privée.

Les cinéastes ont suffisamment de recul pour démontrer le revers de ce type de vie, l'isolement social, la perte de la réalité qui conduisent parfois au suicide.

Le documentaire s'intéresse aussi à la crainte permanente de se faire attraper, à la paranoïa qui peut devenir un complexe de persécution et aux traces que ça laisse dans les vies des graffeurs. Le danger ne se limite pas uniquement au monde des tunnels et des stations de métro surveillées, mais aussi dans la possibilité de se retrouver piégé par l'adrénaline et le groupe. Certains s'y sont perdus, disparus pour toujours.

L'intensité avec laquelle les writers vivent leur passion est fascinante, mais le film montre aussi la détermination radicale nécessaire pour mener ce type de vie.

Dehors toutes les nuits, à 1h30, pour connaitre les heures de ronde des gardes et planifier l'action. Pour faire une peinture pleine de couleurs, pour peut-être la voir tourner. Ce n'est pas grand chose, mais pour certains c'est la passion d'une vie.

On the run! Forever!

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