Interview Mode2

Kayone s'entretient avec Mode2 dans le 19ème chapitre du magazine gratuit américain Frank151. Mode2 revient sur ses débuts et partage quelques photos d'archive, on s'est occupé de la traduction.

Quand et comment as-tu commencé à peindre ?
Au début de l'été 1984, après m'être fait la main sur papier peu de temps auparavant. Je me souviens même avoir fait un lettrage wild style avec de la peinture émail sur quelques coupe-vents Nike bleu marine et grise pour ce crew appelé Street Rockers à Covent Garden. C'était un tel buzz autour de ce mouvement au cours de cet été, avant même que Subway Art, Breakin ‘(Breakdance au Royaume-Uni), et Beat Street ne sortent au cinéma. Nous avions Tim Westwood sur LWR tous les mercredis soirs, Spats, le samedi de midi à 15h, et Covent Garden, Leicester Square la nuit, et les passages souterrains autour de la station Charing Cross. En particulier la vitrine d'un restaurant appelé The Tappit Hen, les gars perfectionnaient leur pas de danse en se regardant dans le reflet. Scribla était danseur ainsi qu'un gars nommé Mc Duke, mon frère et moi on les regardait danser depuis l'automne précédent. J'ai découvert que c'était un writer quand il est tombé sur mes dessins et m'a raconté comment il s'était fait serrer pour avoir fait un graff sous le Colisée, il était en probation pour un an. C'est lui qui m'a fait découvrir la peinture aérosol.

Vous vous installez à Paris dans les années quatre-vingt, comment as-tu conservé un lien avec ton crew ?
Je venais à Paris depuis environ 2 ans avant de rencontrer et de peindre avec Bando et Steph en Mai 1985, puis j'y suis allé en Juin avec Pride et avec tous les TCA en Juillet. Bando était un adversaire que Scribla et moi avions rencontré à Covent Garden en Avril 1985, nous étions si impressionné par nos travaux respectifs qu'il a intégré notre groupe et que j'ai intégré le sien.
C'est ainsi que la connection Paris-Londres s'est effectuée. Nous avons peint tous ensemble jusqu'en 1987. Bando et Steph se sont alors fâchés, Pride et Scribla sont retournés à l'Art College et moi je peignais la plupart du temps avec Steph. Je n'ai pas fait long feu dans l'infographie, la technologie était si primitive et j'étais tout le temps dehors en train de taguer, de faire des voies ou des murs.

Joey, Chino, Shen, Squat, Steph2, et Sign, le Saint Dj Booth Paris, Mai 1987 :

Parle-nous de cette connection européenne autour des CTK avec les writers suèdois (Disey, Ziggy) et hollandais (Shoe, Angel, Delta, Gasp).
J'ai d'abord rencontré Scribla pendant l'été 84, puis nous avons trainé avec Zaki, Eskimo, et Zerox (Kev One) à l'automne de cette année. Ils étaient connus comme les pionniers. Je me souviens de Pride, ce grand gars intimidant, peignant à ce jam sur la rive sud, 3D de Bristol peignait aussi ce jour-là. Danny Francis, le danseur peignait un memorial pour Glidemaster avec Scribla et moi. Nous voulions vraiment que Pride soit là avec nous c'était le writer le plus talentueux de Londres que nous connaissions. Quand il nous a finalement rejoint, nous avons fondé The Chrome Angelz, notre but étant de réunir les writers les plus talentueux dans un crew.

Lorsque nous avons rencontré Bando, nous trainions avec son crew Bomb Squad 2, qui est par la suite devenu Crime Time Kingz, quand il a intégré les TCA, et dégagé quelques mecs qui étaient dans Bomb Squad 2. Il était sans pitié mais c'était la manière de faire à ce moment là, c'était à celui qui avait à le crew le plus qualifié. Le côté illégal était presque secondaire, seul comptait le talent. La compétition à Paris vint des BBC, avec Jayone, Saho alias Ash, et Skki, ainsi que d'un autre crew nommé Buccaneers. Sans rien enlever aux gars de Londres qui frappaient fort, Haze 115 (Karst) sortait du lot. Nous étions un peu saoulés de ce style, nourri par les TCA, et on progressait très rapidement, chacun développait son propre style qui était ensuite copié par d'autres crews. Ce même été 1985, nous avons vu les pièces de Shoe, Jan, et Jaz le long des quais des Seine à Paris et, bien sûr, nous trainions la-bas la journée pour les rencontrer, sans réellement compter sur le hasard, nous cherchions réellement à nous rencontrer pour lancer la compétition. Shoe avait reçu des photos des graffs de Dondi, et était par conséquent très en avance, Bando et lui se sont bien entendus. Bando a alors commencé à aller régulièrement à Amsterdam à partir de fin 1985 ou au début 1986, il y avait une forte connection CTK mise en place là-bas. Delta est venu à Paris à la fin du printemps 1986 avec Jezis, et Angel plus ou moins en charge des persos alors que j'étais à Londres, de retour à l'école. Steph est venu et on a peint ensemble sur la tournée Smiley Culture en Octobre.
En 1986, à Londres des liens étroits se tissaient entre différents membres de cette communauté venant de toute l'Europe en particulier avec la Scandinavie. Je suis allé à Copenhague en Août 1986, et j'ai passé une journée ou deux à Stockholm, où je suis tombé sur le duo le plus improbable, Disey moitié suédois, moitié japonais avec un Suédois blond nommé Ziggy, tous les deux avec les cheveux longs jusqu'à la taille, le style de Stockholm de l'époque.
Lorsque je suis retourné à Stockholm à la fin de Novembre 1986, j'avais rendez-vous avec eux, ils étaient vraiment talentueux, Disey contrôlait sa bombe de manière incroyable. Ils peignaient des burners et on passait beaucoup de temps à faire la fête et à faire n'importe quoi. Bando faisait régulièrement des voyages à Amsterdam et à New York, CTK était le crew avec toutes les connections. Nous avons réfléchi sur la façon d'écrire un livre sur la circulation et la propagation de style d'un gars et d'un endroit à un autre à cette époque, tant de choses ont été réalisées en un si court laps de temps.

Comment décrirais-tu le style ton crew et pourquoi a t-il été copié par tant de writers et en particulier en France ?
J'étais le plus jeune parmi Zaki, Scribla, les CTK, Danny, Pride. Même si quelqu'un comme Danny était plus un danseur, il pouvait dessiner, et la plupart de nos inspirations est venue de gens comme lui, de la Mighty Zulu Rockers, de Dj comme Cosmic Jamm, et d'autres gars trainant autour de Covent Garden. Nous avons développé des styles et des personnalités en tant qu'individus. Le style était partagé, car nous savions que les autres membres du crew seraient capables de le transformer et de se le réapproprier. Nous n'avions pas beaucoup de documentation et, on se motivait et s'influençait les uns les autres, nous étions très motivés par cette fraternité dans le style. Cela a donné à chacun une direction unique que d'autres crews avaient du mal à concurrencer, ils avaient peut-être un seul stylemaster parmi eux. Donc, les gens venaient faire leurs courses chez les TCA, à la cueillette du style pour le remettre à sa propre sauce. C'est pourquoi nous sommes allés à Paris.

Pride réalisant un graff « 2tuf », Londres, été 1985 :

Notre arrivée à Paris a donné de nouvelles orientations au jeu, comme nous partagions les idées et les lettrages avec Bando, j'ai poussé mes personnages encore plus loin, depuis je suis devenu le gars qui fait des persos. Pourtant, il y avait un bon nombre de lettrages simples que Bando me reprenait. Tout ce que il avait en tête il le réalisait et bien plus encore. L'impact de Spraycan Art est vraiment ce qui a tout fait débuter, même si beaucoup ont essayé de se rapprocher de style Bando. Des gars comme Darco FBI ont également été fortement influencé je pense, et le Hall of Fame de Stalingrad est devenu le lieu pour peindre en Europe, et le type de lettres utilisé par Bando s'est répandu partout en Europe devenant le style européen. Quand à moi, comme je peignais moins avec Bando je me suis remis aux lettrages. J'étais au courant de ce qui se passait avec les crews les plus jeunes et l'évolution du tag à Paris. A la fin des années 80 je développais des lettres inspirées de l'épaississement des tags. Même si j'étais inspiré par d'autres, j'en faisais ma propre interprétation, il vaut toujours mieux être le leader que le suiveur.

Un grand nombre de writers ont été influencé par ton travail, au point qu'on se demande s'ils connaissent les règles du « biting » (copie) ?
Il fut un temps ou on venait montrer nos blackbooks à Covent Garden, ceux qui copiaient devaient revoir leur copie en rentrant chez eux pour trouver leur propre style. Être perçu comme un pompeur était vraiment humiliant. Depuis l'arrivée des magazines dans les années 90 et les jams, tout le monde copie tout le monde sans que ça pose aucun problème. Tout se ressemble et on a perdu la richesse des années 80. Si tu n'étais pas de ce crew, tu ne pouvais pas utiliser ce style. C'est ce qui a fait la richesse de New York, tout le monde cherchait à être original. Les choses se réglaient de manière violente à l'époque. De toutes façons à l'époque des gens se battaient pour des raisons bien plus futiles. J'ai vu les mêmes choses se produire dans le graphisme, le b-boying, et dans l'industrie du disque. Les gens utilisent ce qui ne leur appartient pas, regarde comme le style de Delta a été pillé par un gars comme Daim. Trouve ton propre truc, mec, mais si tu te fais prendre à copier, ne le nie pas tant qu'il y a d'autres personnes encore vivantes pour s'en souvenir ou pour pardonner.

Parle-nous du bon vieux temps à Stalingrad en 1987 avec les BBC et la seconde génération de writers de la fin des années 80, début des années 90. As-tu des regrets ?
Je regrette principalement Boxer avec son camion qui nous emmenait de plus en plus loin en banlieue pour voler de la peinture. Stalingrad était le spot pour rencontrer les BBC qui étaient nos rivaux. J'ai du respect pour des gars qui ont su constamment évoluer et s'adapter, et qui sont en quelque sorte restés à l'avant-garde.

Graff « 156Publik » par Steph2 alias Colt. Angel d'Amsterdam et Jonone 156 ont donné un coup de main, Paris, Aout 1987 :

Beaucoup de gars étaient dans notre sillage, copiant les pionniers, un peu comme les TCA à Londres. Je savais, qu'après avoir fait des ateliers avec des jeunes en 1990, ils réutiliseraient ce que je leur avais montré. Je ne pensais pas donner des conseils concernant le style aussi rapidement. Avec le recul, ils ont eu de la chance de prendre des raccourcis et de ne pas avoir à faire un long apprentissage. Je pense que ce long apprentissage a été une garantie de durer dans le temps pour beaucoup de writers de ma génération.

Tu as participé à un grand nombre de jams dans le monde entier, qu'est-ce qui t'a autant motivé ?
Je suis allé au B-Boy Summit en 1996 et en 1997 mais je suis toujours fortement impliqué dans Battle of the Year, faisant partie du comité qui prend des décisions concernant la voix à suivre tout en dessinant les affiches de cet évènement. J'ai confiance en Thomas qui est à l'initiative de ce projet autant qu'en Storm et Crazy qui ont conçu notre système d'évaluation. Bien que n'étant pas un b-boy, ils m'ont influencé, je vois une comparaison possible dans notre lutte à rester original tout en gardant un sens de l'histoire qui nous a précédée. Je pense que le b-boying doit trouver sa propre voix et ne pas compter sur les clips de rap pour gagner convenablement sa vie. Quand on voit avec quelle force ils s'investissent dans leur art…
L'idée d'essayer de dépasser l'emprise du hip hop  tout en respectant mes racines m'a motivé pour les jams. La chance de faire découvrir à un novice toutes les facettes de cet univers sans entrer dans des considérations économiques est un devoir pour moi. Ça nous est tombé dessus dans les années 80, bien avant les magazines, les DVD, les clips, les sites internet ou les magasins de bombes. Il s'agissait de fabriquer quelque chose avec très peu d'informations. Une grande liberté d'interprétation était possible, ce qui semble manquer de nos jours. J'ai participé à des jams dans les années 90 qui m'ont donné l'occasion de voyager et de rencontrer des gens mais aussi de retrouver des amis comme Sharp et Delta (Amsterdam) dans des circonstances différentes. Nous parlions du hip hop et de la vie en général et partagions nos points de vue. Quand je me suis rendu compte que les les organisateurs des jams étaient incompétents et le faisaient plus pour eux-mêmes que pour le mouvement, j'ai pris mes distances. Ce qui était nouveau et rafraichissant devenait de plus en plus répétitif. Le sens du mérite à participer à un jam avait disparu. Tout me semblait chaotique et inutile. Nous étions censés rassembler l'élite dans chaque discipline et non pas laisser n'importe qui y participer sans aucun sens de la hiérarchie et de l'histoire. C'est pourquoi je suis devenu super pointilleux à propos de tout ça, je ne veux pas tomber dans une certaine routine rassemblant des vieux graffeurs bons pour la maison de retraite qui répètent les mêmes choses, ou participer à des jams dont la motivation des organisateurs est aussi naïve que l'expression des jeunes spectateurs.

Il y a un grand fossé entre la culture hip hop et l'industrie du rap. Penses-tu que cette culture redevient underground ?
Je ne pense pas que la notion d'underground existe encore. Tout le monde a un site internet. Après des années d'industrie rap et les retombées des émissions de télé-réalité comme Pop Stars, les esprits faibles se sentent obligés de raconter la vie de leur voisin ou font des raccourcis désastreux. Nous devons retrouver le sens de l'opposition qui caractérisait les années 80. Ça ne veut pas dire s'habiller comme à cette époque là. On évoluait constamment à cette époque, alors pourquoi certaines grosses têtes n'ont retenu que le côté cosmétique de ce mouvement pour s'en faire une ceinture de sécurité ? Je pense que ceux qui veulent quelque chose de plus sain vont le chercher eux-mêmes, plutôt que de s'appuyer sur les différentes formes de médias qui leur amènent tout sur un plateau…
Quand tout va mal, le hip hop est la voix de la révolte. Dépasse tout ça dans tes textes de rap et essaie de proposer une solution ou au moins un débat. Le rap se nourrit de tout ce qui est foutu, il te sert de la merde recouverte de glace en te faisant croire que c'est de la bonne came. Il suffit de mélanger et de faire mousser tout et n'importe quoi aux dépens des autres et à ton profit. Je ne dis pas que tout doit être sérieux. En effet, ça nécessite une certaine habileté de mettre sa sagesse de côté pour rire de tout ça. Si tu n'es pas prêt à apporter une certaine sorte d'illumination, d'élévation du débat ou d'inspiration, peu importe qui tu es et quel est ton business, tu ne seras pas hip hop.

Il y a 20 ans la RATP contactait Futura 2000 pour détourner des affiches du Printemps, depuis les gens de l'industrie utilisent le graffiti selon leurs propres critères, qu'en est-il advenu ?
L'industrie utilise le graffiti quand il peut apporter un plus au produit qu'elle désire vendre. Ils ont réalisé l'impact de cette forme d'art pour la promotion de certains produits, et tout ce dont ils avaient besoin était de trouver n'importe quel nul pour le faire. Je ne m'implique pas dans la promotion de produits que je ne cautionne pas comme l'industrie du tabac ou les industries pétrochimiques. Notre potentiel a rarement été utilisé par les clients. Rares sont ceux comme CK1 qui ont collaboré avec Delta, Espo, et Futura pour le design de bouteilles. C'est pourquoi il est bon d'avoir des liens que nous entretenons avec ces entreprises qui ont collaboré avec nous sur de nombreux projets au fil des années, le tout se déroulant bien sûr à Sartoria, à Modène (Italie). Mais les clients n'ont pas les couilles de soutenir de nouveaux projets, idées ou orientations avec des partenaires comme Slam Jam. Je n'ai aucune foi en l'industrie et je vais ou mon travail me conduit. M'acheter 2 pages dans LeBook avec une visibilité sur leur site internet ne m'a apporté aucun boulot.

Toxic, Billy, et Stash, Paris Octobre 1990 :

Après avoir vu des writers personnaliser leur blouson ou produire une  édition très limitée de t-shirts, les marques streetwear sortir de nulle part, travailles-tu pour quelqu'un ou continues-tu à produire tes t-shirts ?
J'avais l'habitude de faire mes propres t-shirts (en édition limitée et en détruisant les écrans dès que le dernier t-shirt était fini), et de les vendre de la main à la main quelque soit l'endroit ou je me trouvais. Je ne suis pas dans ce business, je n'ai donc pas créé ma marque de vêtements, comme beaucoup l'ont fait ces dernières années, qu'il s'agisse des sportifs, des rappeurs ou des trafiquants de drogue qui essaient de blanchir leur argent. Je me souviens de mes clients (c'est à dire les gars hip hop au jam ou les gars du quartier) qui essayaient de marchander, chose qu'il ne ferait pas au supermarché, alors pourquoi le faisaient-ils avec moi ? Le commerce équitable devrait commencer ici !

J'essaie toujours d'obtenir les choses par moi-même, peut-être avec 2 ou 3 amis proches. J'ai fait une série de t-shirts intitulé « I hate London » (je déteste Londres), mettant l'accent sur la relation amour/haine que j'ai avec cette ville, avec la hype, l'attitude moi-moi-moi, l'inefficacité de ses transports publics. Cette série est prête depuis 2001, mais les prototypes sont au fond des cartons depuis le truc du père Noël du ghetto qu'on a fait avec Pictures on the Wall.On essaie de faire ce qu'on peut avec tous les design de P.O.W, mais on ne peut pas tout réaliser. La situation que je t'expliquais à propos des t-shirts est la même pour tout le monde.

Comment se porte la scène graffiti en Europe ? Je vois beaucoup de writers utiliser la 3D de Delta dans leur lettrage ou faire des fonds sans lettrage, qu'en penses-tu ?
Je pense que les choses évoluent, les gens essaient d'explorer de nouvelles directions, composent librement leur lettrage ou leurs persos de la même manière que Jonone en 87 à Paris en pratiquant le freestyle, alors qu'on savait que les gars qui ne savaient pas peindre de lettres se réfugiaient là-dedans. Jonone le tenait de Futura2000 et a tué les système métropolitain new-yorkais avec. Mais il avait l'humilité de respecter ses sources d'inspiration. Je n'aime pas cette situation malsaine qui règne depuis le début dans des fanzines comme On The Run, Underground Productions, Fatcap ou Bomber Magazine, ou les gars copient les styles et ne donnent aucun crédit à leur source d'inspiration. Delta d'Amsterdam est la personne qui a ouvert la voix à la 3D alors que d'autres comme Daim n'ont fait que prendre le train en marche et ont construit leur carrière là-dessus. Ca veut dire quoi ? A Covent Garden à l'époque, tu étais humilié, ridiculisé par les autres writers si tu t'avisais à pomper un style. A New York tu risquais de te faire défoncer pour ça ! Internet et la distance à parcourir pour botter le cul de quelqu'un rendent la tâche plus facile aux pompeurs. Je me souviens de Delta2 de New York qui voulait venir en avion s'en prendre à Delta d'Amsterdam. J'admire l'originalité, avant la technique qui vient bien plus rapidement qu'à l'époque. Je ne regarde pas beaucoup les pièces des autres parce que le subconscient peut enregistrer dans la mémoire virtuelle des choses qui vont te faire faire des conneries par la suite en dessinant. Parfois ce n'est pas du pompage réfléchi mais juste l'inconscient qui te fait reproduire quelque chose que tu as vu auparavant.

Quelle est ta définition du king ?
Quelqu'un d'original qui a toujours cherché à l'être. Dont le nom est partout en ville et dans le monde. Quelqu'un qui a du style en tags, en flops, en pièces simples, en wildstyle. Quelqu'un qui malgré sa connection avec le monde marchand maintient son identité de writer en s'adaptant à la culture des galeries avec autant d'habileté que dans la rue ou dans un dépôt.
A mes yeux il y a très peu de kings, pour ne pas dire qu'ils appartiennent tous à la oldschool. C'est juste difficile de nos jours d'adhérer et de comprendre ce qu'était New York à l'époque comparé à la merde que c'est devenu…

Frank151 Chapitre 19 est à consulter ici.

5 commentaires

  1. fred cre le

    ça fait du bien…

  2. Max le

    Y’a des petits problèmes de traduction et coquilles…
    Exemples :
    « a jacket with the painted back-panel » traduit en « une veste avec le dos peint en noir », aie aie aie.
    Le crew c’est The Chrome Angelz, et pas The Angelz Chrome.
    Et le graff de Colt y’a écrit Publik Enemy si vous regardez bien, et pas juste Publik vu qu’il a été fait lors de la venue du groupe Public Enemy à Paris.

    Peace.

  3. biter by nature le

    Si Daim c’ est un copie de Delta, Mode 2 est un copie de Fat Albert (pour dire la premier chose qui se rassemble un peu qui m’ est venu a la tête).

    Evidament ce n’ est ni une chose ni l’ autre.

    Si on prenait au serieux ce genre de raisonement on pourrait arriver à dire que Seen ou Dondi sont des copies de Blade puisqu’ il faisaient des lettres remplies à la couleur avec contour, et comme ça plein de betises pareilles jusqu’ à l’ infini.

    C’ est tout simplement des gens qui pratiquent un même genre de peinture mais chacun à sa façon. Les pièces de Daim ont plein de choses qu’on ne voit pas sur celles de Delta, de la même façon que les personages noirs de Mode 2 ont plein de details qui n’ ont rien a voir avec ceux de Fat Albert, etc, etc.

    Tout le developement de la peinture et du dessin au long de l’ histoire consite à emprunter des trucs qui ont été faits avant et les déveloper ou les mélanger. Je doute que Mode 2 dessinait comme il dessine s’ il n’ avait vu que les peintures de Lascaux.

    C’est triste de voir qu’ un mec avec son experience ne soit pas capable d’ aprecier ce genre de choses.

  4. biter by nature le

    Je voudrais ajouter que cela ne quite pas que Mode 2 aille tous mes respets et que je lui remercie cette chronique de l’ old school européene et autres réflexions qu’ il nous offre ici.

    Pas mon intention d’ embêter personne, si non de réfléchir un peu sur certains détails.

  5. 888 le

    biter by nature, je crois que tu as mal compris ce que Mode2 veux dire, il dit juste qu’il faut avoir de la reconnaissance pour ses influences et les personnes qui ont ouvert le chemin d’un style. Et si tu lisais ou écoutais plus d’interview de Mode2 tu verais qu’il sait très bien de qui il s’est inspiré, et la liste est longue (et crois moi que fat albert n’en fait pas partie). Reconnaitre l’histoire et sa propre histoire est une chose très importante pour chacun au moment de se projeter dans le futur, sinon, justement on en arrive a ce qu’est la scène du mouvement hip hop aujourd’hui..c’est à dire un mouvement où tout le monde se copie sans vergogne et où en plus chaque copieur dit avoir inventer la poudre. Enfin, cela n’est que ma vision des choses. Peace